Nous avons sauté ce matin dans notre chère 4L, direction Antananarivo. Mais d’abord nous avons fait étape à Moramanga, à une vingtaine de kilomètres d’Andasibe, sur la route de la capitale. Maxence a insisté !
Moramanga, ville insurgée sur la voie de chemin de fer.
Moramanga est la ville que l’histoire a retenue comme étant le lieu où les événements de l’insurrection de 1947 ont éclaté. Cette insurrection, restée dans la mémoire nationale comme un épisode à la fois glorieux et traumatique, a opposé pendant plusieurs mois les Fahavalo, comme s’appelaient les insurgéTCE), qui longe l’actuelle RN2 jusqu’à Toamasina (Tamatave), en passant par Moramanga, et la gare d’Andasibe que nous vous avons présentée hier.
e s, à l’administration coloniale française. Elle s’est notamment propagée le long de la voie de chemin de fer Tananarive - Côte est (
La ville compte plusieurs lieux de mémoire de l’insurrection, qui éclate le 29 mars 1947 par l’attaque du dépôt d’armes et de la prison de Moramanga :
- le mémorial près de la gare ;
- le musée de l’insurrection (malheureusement pour nous fermé le week-end !) ;
- le musée de la gendarmerie, que nous avons pu visiter en dehors des heures d’ouverture grâce à l’Adjudant-Chef Zo, responsable du musée, qui nous en a aimablement ouvert les portes pour une visite et que nous remercions !
Outre une exposition sur l’insurrection à l’intérieur du musée, ce dernier est surtout connu pour exposer, dans sa cour, une réplique du célèbre wagon de Moramanga, de sinistre mémoire. Le 4 mai 1947, la répression coloniale amasse dans trois wagons cent-soixante-six personnes suspectes d’insurrection pour les conduire en train au camp d’emprisonnement de Moramanga. Arrivées en gare, elles ne sont pas débarquées et passent la nuit dans les wagons. Au petit matin, au lieu de les conduire au camp, l’ordre est donné de tirer sommairement sur les wagons en bois. Ceux qui ne sont pas morts dans les wagons sont emmenés au camp pour y être exécutés. Un seul passager a survécu.

Les fosses communes à la sortie de la ville, un monument à la mémoire des massacres.
Après le déjeuner nous avons fait une dernière étape, à cinq kilomètres de la sortie de la ville, au monument aux morts de 1947. Pour s’y rendre, il faut sortir de la RN2 et traverser un long chemin terre battue sur les bords duquel les brûlis agricoles répandent une épaisse fumée noire.

Le monument a été érigé pour les commémorations du cinquantenaire de l’insurrection, dans un clos où ont été identifiées, par la mémoire des habitantRN2 interrompu uniquement par les craquements des brûlis et l’histoire plus que tragique du lieu invitent à un recueillement solennel.
e s, des fosses communes où les colons ont enterré e s discrètement les victimes de la répression, à plusieurs kilomètres de la ville. Les tombes immenses - dont la plus grande est longue de plus de vingt mètres, le silence loin de laCette fois, plus d’escale !
Nous reprenons la route en début d’après-midi, cette fois sans arrêt jusqu’à Antananarivo ! Le trafic est fluide, nous avalons la nationale et nous pouvons annoncer à Fabien que nous le reverrons pour l’apéritif à 18h : grossière erreur ! Il est fady (tabou) d’annoncer son heure d’arrivée dans la culture malgache, et le sort nous a joué un tour à hauteur du passage à niveau d’Andranomangatsiaka, petite bourgade en hauteur penchée sur les rizières : la transmission de la 4L a lâché quand notre chauffeur a manœuvré sur les rails et nous nous sommes retrouvé
e s en panne au beau milieu d’une côte.


Heureusement, la vue sur le village surplombant des rizières et la beauté du paysage nous a permis de prendre notre mal en patience en compagnie de notre sympathique chauffeur, Faniry, alors que poignait le crépuscule. La panne sur les rails a confirmé la thématique ferroviaire de la journée, et nous avons eu la chance de voir passer le mythique train de la ligne TCE et même de jouer sur les voies comme les enfants du village !

Un peu de patience donc, Faniry avait appelé à la rescousse quelques cousins arrivés à la tombée de la nuit, deux nous ont escorté
e s jusqu’à l’hôtel, deux sont restés sur place pour fixer sur la 4L une nouvelle transmission. Nous avons appris avec soulagement que Faniry avait pu rentrer quelques heures plus tard avec sa voiture réparée : la débrouillardise malgache !Vous nous pardonnerez donc le petit retard que nous avons pris sur la publication des nouvelles quotidiennes, nous avons d’abord pensé à manger en arrivant !