L’équipe de la mission Archivistes sans frontières est bien arrivée samedi, tard dans la soirée, à Madagascar !
L’équipe Mada -2024
Fabien Bordelès, Te-ying Bunel, Maxence Habran, Thomas Morel
ASF-France
dimanche 20 octobre 2024
Fabien Bordelès, chargé d’études documentaires aux Archives nationales d’Outre-Mer, Te-ying Bunel archiviste à la Cnaf (Caisse nationale des allocations familiales), Maxence Habran, conservateur du patrimoine, et Thomas Morel, chargé d’études aux Archives nationales, participeront au traitement de plus de cinquante mètres linéaires d’archives du Commissariat général au plan (1958-1972), période à cheval entre la fin de la période coloniale française et la première République malgache.
Ils commenceront, dès demain lundi, à travailler avec leurs collègues des Archives nationales de Madagascar, ainsi que les étudiant·e·s du parcours IDAM [1] de l’Université d’Antananarivo.
Nous remercions plus particulièrement
Claudine Ravololonjatovo, Directrice des Archives nationales ;
sa prédécesseure Sahondra Sylvie Andriamihamina, professeure d’archivistique à l’Université d’Antananarivo ;
Helihanta Rajaonarison, Directrice du parcours IDAM et du Musée de la photographie ;
Lily Rahainco-Razafimbelo, qui coordonne le projet FAMA ;
Dama Jean Claude Junior Rakontondrasedo, professeur d’histoire des institutions qui nous accueilleront pendant ce chantier des fonds.
Aujourd’hui, l’équipe a découvert la capitale Antananarivo et a visité le Versailles malgache, le Rova Manjakamiadana, dit Palais de la Reine.
Rova Manjakamiadana
dit Palais de la Reine
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Construit au XIXe siècle, il a abrité le pouvoir de la monarchie Merina pendant près de cent ans. Après le drame de l’incendie de novembre 1995, le palais a rouvert ses portes entièrement en 2023, et nous avons pu profiter de la visite menée par notre guide Jules César, qui nous a notamment dévoilé le tombeau des souverains Merina et la vue imprenable sur les douze collines de la capitale.
Antananarivo
vue imprenable sur les douze collines de la capitale
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Nous écrirons quotidiennement sur ce carnet de voyage pour vous tenir au courant de l’avancée de la mission, restez connecté·e·s !
Aujourd’hui lundi 21 octobre, débute notre chantier aux Archives nationales de Madagascar.
lundi 21 octobre 2024
Nous avons été reçu·e·s, dans la matinée, par l’équipe d’organisation dans le bureau de la Directrice afin que les collègues malgaches et français·es puissent faire connaissance. Après un point sur le déroulé du chantier et sur les ressources et le matériel à notre disposition, nous nous sommes rendu·e·s dans le bâtiment de l’annexe, où nous travaillerons pendant les deux prochaines semaines sur les archives du Commissariat général au plan.
Les archives, qui se trouvent pour une bonne part à même le sol en liasses et en vrac, feront l’objet d’un gros travail de dépoussiérage, de description et de conditionnement en boîtes d’archives, mais notre équipe peut déjà compter sur un beau travail de préparation par les collègues chargé·e·s d’étude aux Archives nationales.
Commissariat général au plan
une partie du fonds
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Nous avons ensuite eu le plaisir d’être reçu·e·s dans le jardin de la Directrice pour un déjeuner typique de la gastronomie malgache et des moments d’échanges professionnels et amicaux.
Pause déjeuner
dans le jardin de la Directrice des Archives nationales
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L’après-midi, première réunion au complet des participant·e·s au chantier. Notre équipe a notamment pu rencontrer les étudiant·e·s du parcours IDAM. Les échanges ont été nourris et nous avons dès à présent pu ébaucher un modèle d’organisation en chaîne opératoire, dans l’optique de traiter le fonds de manière efficace et précise.
L’équipe du chantier des fonds
prête à se mettre au travail !
ASF-France
Demain : poussière !
J-3 : Mardi 22 octobre 2024
Les choses sérieuses commencent
Pour le deuxième jour de la mission, nous nous sommes attaqué·e·s aux choses sérieuses avec la prise en main du fonds d’archives du commissariat général au Plan.
mardi 22 octobre 2024
Nous avons retrouvé, dans la matinée, l’ensemble de l’équipe : archivistes de la Direction des archives nationales, enseignant·e·s et étudiant·e·s du parcours IDAM.
Ensemble, et en tenant compte de l’état du fonds, nous nous sommes mis d’accord sur un plan d’action :
d’une part, procéder à l’inventaire d’une partie des dossiers, déjà reconditionnés en liasses saines ;
d’autre part, initier le dépoussiérage de la majorité du fonds, avec les moyens dont nous disposions.
L’équipe s’est divisée en deux groupes afin que ces tâches soient partagées et que chacun·e puisse travailler sur toutes les étapes de la chaîne du traitement.
Après nous être mis·e·s d’accord sur nos principes de description archivistique, il ne restait plus qu’à nous mettre au travail !
Opération dépoussiérage
Une partie du groupe au travail
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Nous avons vite constaté que les liasses déjà reconditionnées étaient constituées de sous-dossiers déclassés, qui ne présentaient pas de cohérence intellectuelle : il a fallu repenser la stratégie et mettre en place un gros atelier de reclassement collectif au cours de l’après-midi.
La deuxième équipe a, elle, commencé à décrire les dossiers qui avaient été dépoussiérés.
Reclassement
Tous au travail !
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A l’issue de cette journée fructueuse, quelques articles ont d’ores et déjà pu être mis en boîte et inventoriés. Toute l’équipe a avancé dans une ambiance dynamique et positive !
Reconditionnement
Les boîtes destinées au reconditionnement du fonds.
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Nous tenons à remercier tout particulièrement Claudine, directrice des Archives nationales, Lily, coordinatrice du projet FAMA (Formations et archives à Madagascar) et Dama, professeur d’histoire des institutions, pour leur accueil et leur aide depuis le début de la mission.
J-4 : Mercredi 23 octobre 2024
Découverte de cartes
Aujourd’hui, le travail de classement s’est poursuivi en compagnie de Sahondra Sylvie Andriamihamina, jeune retraitée de la Direction des Archives nationales de Madagascar.
mercredi 23 octobre 2024
Nous avons eu le plaisir de constater que le rythme de travail va bon train, voire s’accélère : chacun·e commence à s’approprier le fonds et devient de plus en plus autonome, ce qui confère au chantier une véritable dynamique de traitement. C’est ainsi qu’une première partie du fonds a été inventoriée, et nous avons pu remettre en place un atelier dépoussiérage afin de préparer de nouveaux dossiers à traiter pour demain matin.
A la fin de la journée, nous avions déjà 4 mètres linéaires de boîtes inventoriées et traitées !
Commissariat général au plan.
Les premières boîtes !
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Mais la grande nouveauté du jour réside dans la découverte de tout un fonds de cartes géographiques. Malgré un état de conditionnement en apparence très mauvais, une grande majorité de cartes sont pourtant bien conservées et exploitables.
La première action a donc été de les nettoyer et de les aplatir. Une équipe s’occupera de les estampiller, les classer, les coter et de les conditionner, ce qui sera l’occasion pour les étudiant·e·s de découvrir comment décrire et traiter ces documents d’une nature et d’un format particuliers.
Madagascar, centre du monde !
Claudine et Fabien tenant une carte du Commissariat général au plan.
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Les résultats de la journée sont particulièrement encourageants. Si le rythme de traitement se maintient, nous parviendrons à des résultats extrêmement satisfaisants. Il nous faudra demain plus d’ordinateurs pour absorber au fur et à mesure dans le fichier de récolement les descriptions de l’équipe, qui a pour l’instant plusieurs longueurs d’avance sur la machine !
Fin de journée
Te-ying, Maxence et Fabien devant l’annexe des Archives nationales de Madagascar.
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J-5 : Jeudi 24 octobre 2024
La description et la mise en boîte battent leur plein !
Les méthodes de travail sont bien installées et aujourd’hui, chacun.e a repris son poste dans les ateliers de traitements. C’est l’occasion pour nous de vous expliquer plus précisément la méthode de description archivistique qui a été adoptée pour le chantier !
jeudi 24 octobre 2024
Chaque dossier est décrit selon les principes de la norme ISAD-G, norme internationale pour la description des dossiers d’archives. En décrivant l’objet du dossier, l’action administrative qui l’a produit et la typologie des pièces qui le composent, nous pouvons donner accès au contenu du dossier en quelques lignes, de manière aussi synthétique et précise que possible. La norme n’est pas évidente à s’approprier de prime abord mais au bout de quelques mètres de dossiers classés, tou.te.s les membres du chantier savent aujourd’hui l’utiliser.
Description des dossiers d’archives.
Une partie de l’équipe au travail.
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Une fois qu’un dossier a été décrit, nous l’intégrons dans une base informatique de récolement de type fichier Excel, nous lui donnons une cote et nous le mettons en boîte.
C’est ainsi que petit à petit, le fonds est traité. A la fin du chantier, quand nous aurons un bon aperçu de contenu du fonds, nous établirons un plan de classement qui rendra compte de la logique de production documentaire de l’administration du Commissariat général au plan et nous y intégrerons les différentes cotes à leur juste place. Nous n’aurons plus qu’à harmoniser les descriptions et nous pourrons communiquer l’inventaire aux lecteur.rice.s qui pourront désormais exploiter le fonds pour leurs recherches.
Un dossier reconditionné et décrit selon la norme ISAD-G.
« Périmètre de Fiherenana. Renouvellement du programme d’aménagement SEDEFITA » (1967).
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Du côté de la collection de cartes que nous avions commencé à traiter hier, les travaux ne sont pas en reste et une équipe a pu commencer à estampiller les documents en attente de pouvoir les conditionner. Mais nous vous gardons encore quelques surprises à ce sujet !
Traitement de la collection des cartes.
Claudine estampille une carte forestière.
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Ce soir, à la fin de la journée, un total de 4 mètres linéaires supplémentaires avait été décrit, coté et mis en boîte et tout comme hier, nous pouvons dire que nous avons trouvé notre rythme de croisière !
Nous remercions toute l’équipe pour son investissement : 8 mètres linéaires en deux jours, c’est un très beau résultat !
J-6 : Vendredi 25 octobre 2024
« Eto Madagasikara »... Ici, Madagascar
Programme du jour d’un vendredi joli : 4 mètres linéaires de croisières et un peu d’ISADG au programme de l’équipe…
En plein cours
ISADG pour tous
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vendredi 25 octobre 2024
En bonne compagnie...
La nouvelle et l’ancienne directrices des Archives nationales de Madagascar
Une tutelle bienveillante
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« ZOMAMAGNIFIQUE ! »
A suivi l’achat au Zoma (marché d’Antananarivo se déroulant le vendredi) de cartons pour la conservation des cartes et plans trouvés dans le fonds traité, l’ensemble des participants du chantier école va enfin pouvoir profiter de vacances kely (petites) avant de retrouver la poussière be (grande),avec la joie du travail partagé en confiance.
MIRARYSOA ! SOUHAITONSLEMEILLEUR !
Jour 7 : Samedi 26 octobre 2024
Un week-end bien mérité
Petite pause détente, après une semaine bien remplie : mode « découverte » enclenché !
samedi 26 octobre 2024
Après le zoma magnifique, un sabotsy avec les lémuriens d’Andasibe.
Maxence, Te-ying et Thomas ont laissé Fabien à la capitale et sont parti·e·s sur la mythique RN2 vers l’Est, direction Andasibe, pour aller saluer les fameux lémuriens gasy, espèce endémique de la grande île. Grâce à notre guide, nous avons pu parcourir la forêt primaire pendant plus de deux heures. S’il nous a expliqué les bienfaits de nombreuses plantes de la pharmacopée traditionnelle malgache, Te-ying n’avait de yeux que pour les petits marsupiaux !
Dans la forêt primaire.
Un petit lémurien intrigué par notre bande d’archivistes.
Andasibe, une ville de bois, de fer et d’histoire
Douze mètres linéaires en une semaine, nous nous sommes dit que nous avions bien mérité de barboter dans la piscine de l’hôtel, avant de flâner dans la petite ville d’Andasibe, à travers les maisons en bois d’architecture traditionnelle, les églises protestante et catholique, le marché et ses épiceries-bars…
Nous sommes arrivé·e·s juste à temps pour la fin du match de foot !
Flâneries à Andasibe.
La petite route menant vers le centre d’Andasibe, avec ses maisons en
bois en arrière-plan,
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Sur le pavé.
L’église protestante, les chèvres et Te-ying qui songe aux lémuriens de la matinée,
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Ville ferroviaire, Andasibe est aussi une ville d’histoire, connue pour avoir été au centre des événements de 1947, l’insurrection qui s’est propagée notamment le long des chemins de fer. Nous vous en dirons plus demain, en faisant une halte à Moramanga sur le chemin du retour pour la capitale …
La ville ferroviaire.
La gare d’Andasibe et notre fidèle Renault 4L bleu électrique au premier
plan.
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J-8 : Dimanche 27 octobre 2024
Sur le chemin d’Antananarivo...
... une étape à Moramanga
dimanche 27 octobre 2024
Nous avons sauté ce matin dans notre chère 4L, direction Antananarivo. Mais d’abord nous avons fait étape à Moramanga, à une vingtaine de kilomètres d’Andasibe, sur la route de la capitale. Maxence a insisté !
Moramanga, ville insurgée sur la voie de chemin de fer.
Moramanga est la ville que l’histoire a retenue comme étant le lieu où les événements de l’insurrection de 1947 ont éclaté. Cette insurrection, restée dans la mémoire nationale comme un épisode à la fois glorieux et traumatique, a opposé pendant plusieurs mois les Fahavalo, comme s’appelaient les insurgé·e·s, à l’administration coloniale française. Elle s’est notamment propagée le long de la voie de chemin de fer Tananarive - Côte est (TCE), qui longe l’actuelle RN2 jusqu’à Toamasina (Tamatave), en passant par Moramanga, et la gare d’Andasibe que nous vous avons présentée hier.
Devant la gare de Moramanga
Le monument à l’insurrection de 1947, à quelques pas des voies de chemin de fer. Crédits Maxence Habran.
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La ville compte plusieurs lieux de mémoire de l’insurrection, qui éclate le 29 mars 1947 par l’attaque du dépôt d’armes et de la prison de Moramanga :
le mémorial près de la gare ;
le musée de l’insurrection (malheureusement pour nous fermé le week-end !) ;
le musée de la gendarmerie, que nous avons pu visiter en dehors des heures d’ouverture grâce à l’Adjudant-Chef Zo, responsable du musée, qui nous en a aimablement ouvert les portes pour une visite et que nous remercions !
Outre une exposition sur l’insurrection à l’intérieur du musée, ce dernier est surtout connu pour exposer, dans sa cour, une réplique du célèbre wagon de Moramanga, de sinistre mémoire. Le 4 mai 1947, la répression coloniale amasse dans trois wagons cent-soixante-six personnes suspectes d’insurrection pour les conduire en train au camp d’emprisonnement de Moramanga. Arrivées en gare, elles ne sont pas débarquées et passent la nuit dans les wagons. Au petit matin, au lieu de les conduire au camp, l’ordre est donné de tirer sommairement sur les wagons en bois. Ceux qui ne sont pas morts dans les wagons sont emmenés au camp pour y être exécutés. Un seul passager a survécu.
Reconstitution des wagons de Moramanga et des impacts de balles
Les wagons originaux ont été détruits par l’administration française. Nous trouvant en tany miaramila (terrain militaire), on nous a demandé de ne pas publier nos photos sur internet, en voici une issue du quotidien Midi-Madagasikara.
Crédits Maminirina Rado
Les fosses communes à la sortie de la ville, un monument à la mémoire des massacres.
Après le déjeuner nous avons fait une dernière étape, à cinq kilomètres de la sortie de la ville, au monument aux morts de 1947. Pour s’y rendre, il faut sortir de la RN2 et traverser un long chemin terre battue sur les bords duquel les brûlis agricoles répandent une épaisse fumée noire.
Les fosses communes et le monument aux morts.
Au centre d’une clôture carrée se trouvent le tombeau et la plaque commémorative.
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Le monument a été érigé pour les commémorations du cinquantenaire de l’insurrection, dans un clos où ont été identifiées, par la mémoire des habitant·e·s, des fosses communes où les colons ont enterré·e·s discrètement les victimes de la répression, à plusieurs kilomètres de la ville. Les tombes immenses - dont la plus grande est longue de plus de vingt mètres, le silence loin de la RN2 interrompu uniquement par les craquements des brûlis et l’histoire plus que tragique du lieu invitent à un recueillement solennel.
Cette fois, plus d’escale !
Nous reprenons la route en début d’après-midi, cette fois sans arrêt jusqu’à Antananarivo ! Le trafic est fluide, nous avalons la nationale et nous pouvons annoncer à Fabien que nous le reverrons pour l’apéritif à 18h : grossière erreur ! Il est fady (tabou) d’annoncer son heure d’arrivée dans la culture malgache, et le sort nous a joué un tour à hauteur du passage à niveau d’Andranomangatsiaka, petite bourgade en hauteur penchée sur les rizières : la transmission de la 4L a lâché quand notre chauffeur a manœuvré sur les rails et nous nous sommes retrouvé·e·s en panne au beau milieu d’une côte.
En panne !
De gauche à droite : Te-ying, Maxence, Faniry, la 4L et Thomas
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Le passage à niveau d’Andranomangatsiaka
Il y a pire endroit où s’arrêter quelques heures …
En attendant...
... le train
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Heureusement, la vue sur le village surplombant des rizières et la beauté du paysage nous a permis de prendre notre mal en patience en compagnie de notre sympathique chauffeur, Faniry, alors que poignait le crépuscule. La panne sur les rails a confirmé la thématique ferroviaire de la journée, et nous avons eu la chance de voir passer le mythique train de la ligne TCE et même de jouer sur les voies comme les enfants du village !
Le passage du train
Depuis plus de cent ans, le train passe sur ces voies ferrées qui ont permis à l’insurrection de construire son réseau
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Un peu de patience donc, Faniry avait appelé à la rescousse quelques cousins arrivés à la tombée de la nuit, deux nous ont escorté·e·s jusqu’à l’hôtel, deux sont restés sur place pour fixer sur la 4L une nouvelle transmission. Nous avons appris avec soulagement que Faniry avait pu rentrer quelques heures plus tard avec sa voiture réparée : la débrouillardise malgache !
Vous nous pardonnerez donc le petit retard que nous avons pris sur la publication des nouvelles quotidiennes, nous avons d’abord pensé à manger en arrivant !
J-9 : Lundi 28 octobre 2024
Retour aux Archives nationales et aux choses sérieuses !
Ce lundi matin, nous avons retrouvé toute l’équipe - archivistes de la Direction des archives nationales, enseignant·e·s et étudiant·e·s de l’IDAM - et avons repris notre travail sur le fonds du commissariat général au Plan.
lundi 28 octobre 2024
On s’organise en équipe !
Nous avons débuté la journée par une réunion tenue pour préciser l’organisation globale de la semaine et nous avons repris notre rythme de croisière, après un petit point entre l’équipe d’ASF et Claudine, la directrice des Archives nationales.
Dans l’idée de permettre à tout·e·s les participantes du chantier-école de s’approprier de façon optimale chaque étape de la chaîne opératoire, proposition a été faite de laisser tout le monde saisir les descriptions sur le fichier Excel de récolement, tâche qui était jusqu’alors centralisée.
Retour à la poussière
Le bureau où nous disposons les dossiers dépoussiérés
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La réflexion sur le plan de classement
Au cours de l’après-midi, deuxième réunion pour aborder la question du plan de classement - c’est-à-dire l’organisation intellectuelle du fonds pour en dresser l’inventaire - dont nous souhaiterions esquisser une première version mercredi.
La discussion a été l’occasion d’échanges au sujet des problématiques à avoir à l’esprit afin de faire émerger les grands ensembles d’un fonds d’archives, entre la connaissance de l’organigramme et des missions du service producteur et la nécessaire prise en compte de la réalité des dossiers qui composent le fonds. Nous avons évoqué quelques types de classement existants (chronologique, thématique ou encore géographique) mais aussi les différents systèmes de cotation (numérique, méthodique) permettant à la fois de conserver et de communiquer au mieux les archives.
Comme l’inventaire du fonds sera inachevé à la fin de la semaine, nous avons suggéré d’opter pour une cotation méthodique, qui permettra de donner une marge de manœuvre pour l’intégration de nouvelles cotes aux sous-séries.
Réunion du lundi
L’élaboration du plan de classement, exercice qui fait toujours l’objet de discussions animées !
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Des cartes et des documents remarquables
La poursuite du classement a permis la découverte de nouveaux documents remarquables, comme un album illustré sur le thème de l’agriculture dans la côte est de Madagascar, produit en 1959 à destination des maîtres des écoles.
Affiche extraite de l’album “Mahatsinjo devient un planteur modèle...
.. ou les “Tanety” et la manière de s’en servir”. Service provincial de l’agriculture du département de la production et du paysannat de la province de Tamatave, 1959.
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De son côté, Fabien, Claudine et Tolotra poursuivent le gros chantier des cartes et plans qu’iels ont commencé : après l’achat de matériel de conditionnement au marché du vendredi (Zoma), il faut désormais conditionner et décrire les pans estampillés la semaine passée.
Et nous voici déjà à plus de la moitié du chantier !
Cette semaine sera décisive : nous devons laisser à nos collègues des outils qu’ils se sont appropriés et qu’ils pourront réutiliser pour poursuivre le classement de ce fonds après notre départ. Et comme nos collègues sont toujours plus efficaces, demain, nous rajoutons un ordinateur !
J-10 : Mardi 29 octobre 2024
Faites la queue au guichet !
La nuit nous a porté conseil et nous avons trouvé une solution pour rendre l’enregistrement des descriptions des dossiers plus efficace. Nous avons adopté une méthode de travail encore plus collaborative et fait de belles découvertes aujourd’hui !
mardi 29 octobre 2024
L’assemblée de début de journée
Un chantier des fonds, a fortiori un chantier école, n’est efficace que si l’on réfléchit ensemble à notre mode opératoire et, cette semaine, nous avons voulu renforcer la collaboration et la prise de décision collective. Plusieurs points ont été abordés, de l’enregistrement méthodique aux difficultés de description, notamment l’arriéré d’enregistrement de dossiers déjà décrits mais qui attendent d’être intégrés au fichier de récolement pour être cotés et mis en boîtes. Nous avions réfléchi la veille au soir à une solution pour régler ce problème, à savoir la mise en place d’un guichet d’enregistrement des articles.
La mise en place du guichet d’enregistrement
Dans un bureau à côté de la salle de tri, nous avons installé trois postes informatiques opérés pour l’instant par un·e missionnaire et deux chargé·e·s d’étude des Archives nationales. Nous avons rajouté une étape à la chaîne : deux missionnaires “volant·e·s” s’occupent de vérifier que les descriptions sont aux normes et conformes au contenu du dossier, après quoi l’archiviste se rend au guichet pour faire enregistrer son article à l’un des trois postes. Le poste principal administre le fichier définitif de récolement, les deux autres administrent des fichiers provisoires attribuant des cotes également provisoires et dont les entrées sont réintégrées en fin de journée sur le poste principal ; nous pouvons alors coter toutes les boîtes de manière définitive. Il ne faut pas s’emmêler les crayons !
Nous avons été ravi·e·s de voir que cette méthode a considérablement amélioré l’efficacité de l’enregistrement et de savoir que ces outils pourront être réutilisés par nos collègues malgaches après notre départ.
Le guichet d’enregistrement.
Trois postes informatiques, des cotes définitives, des cotes provisoires, des mises en boîtes … La mise en place du guichet permet de traiter l’enregistrement efficacement et de résorber l’arriéré.
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Des découvertes belles et utiles
Plus nous pénétrons dans le fonds, plus nous en comprenons l’organisation et plus nous faisons la découverte de pièces exceptionnelles. Dans un dossier de demande d’aide financière américaine, nous avons pu retrouver un bel ensemble de cartes illustrées destinées à appuyer la demande pour construire ou rénover des infrastructures routières.
Demande d’aide financière américaine.
Le commissariat a soigné la documentation adressée à l’ambassade américaine pour obtenir des fonds pour ses aménagements routiers, en panachant notamment ses cartes de photographies de qualité.
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Une autre belle surprise qui ne peut que ravir tout·e archiviste un peu fainéant·e : un document détaillant le plan de classement des archives du Commissariat lorsqu’elles étaient encore en usage. Outre les pistes qu’offre un tel document pour orienter notre classement final, il nous donne des informations précieuses sur l’organisation administrative du Commissariat au plan. Cela ne nous épargnera pas, demain, de nous triturer les méninges ensemble pour aboutir à un plan de classement à la fois clair, pratique et aussi proche que possible de l’organisation archivistique originelle.
Une piste pour le plan de classement.
Alors que nous phosphorons sur l’agencement d’un plan de classement, le fonds nous donne de lui-même quelques clés d’organisation !
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Fabien enregistre ses cartes !
Du côté des cartes de Claudine, Fabien et Tolotra, la description, le conditionnement et l’estampillage sont presque terminés, ce qui a permis à Fabien de créer un fichier d’inventaire annexe pour une sous-série CGP-CP (cartes et plan).
La sous-série CGP-CP.
Fabien classe depuis la semaine dernière les nombreuses cartes du Commissariat au plan et complète également un fichier de récolement.
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Lui aussi, entre deux cartes, fait de belles découvertes de grands formats figurés, comme cette bande dessinée de prévention sur la sécurité des enfants.
La sérendipité du classement d’archives.
Parmi les cartes classées par Fabien, quelques beaux documents ressortent, comme cette affiche-bande dessinée expliquant comment assurer la sécurité des enfants à Madagascar (1948).
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Demain, nous aurons le plaisir de visiter les Archives avec la Directrice Claudine ! Nous aurons aussi à établir un plan de classement, à réfléchir au conditionnement de dossiers hors-format (i.e. qui ne rentrent pas dans nos boîtes), à continuer le classement et l’enregistrement … Il y aura de quoi s’occuper !
J-11 : mercredi 30 novembre 2024
Dernière ligne droite !
Aujourd’hui est (déjà !) notre avant-dernier jour de travail avec l’équipe : la description et l’enregistrement des dossiers se sont poursuivis frénétiquement tout au long de la journée, bien que nous ayons également discuté de différents points clés pour assurer la bonne poursuite du classement.
mercredi 30 octobre 2024
Poursuite du traitement et discussions autour de l’élaboration du plan de classement
En fin de matinée, après notre travail de description habituel, nous avons organisé une réunion qui a été l’occasion d’échanges approfondis sur les méthodes permettant de dégager les grands ensembles d’un fonds d’archives. Beaucoup d’idées ont émergé, la plupart des participant-e-s au chantier ayant réfléchi à la question depuis la dernière réunion que nous avions menée sur le sujet en début de semaine :
Aménagement du territoire ;
Projets de développement agricole ;
Élaboration de plans quinquennaux ;
Politique du commerce extérieur ;
ou encore dossiers liés à un service spécifique du Commissariat...
Un certain nombre de pistes sont lancées, que nous allons préciser demain par le biais d’un travail d’atelier concret, à partir du fichier de pré-inventaire.
Encore une réunion !
Les idées ont foisonné…il ne reste plus qu’à les mettre en forme de plan !
ASF-France
La visite des Archives nationales
En début d’après-midi, nous avons eu le privilège de visiter les Archives nationales de Madagascar. Claudine Ravololonjatovo, la directrice, ainsi que plusieurs chargés d’étude de l’institution nous ont guidé dans les différentes parties du bâtiment principal de l’institution, en nous présentant les principales collections qui y sont conservées. Nous avons ainsi pu voir - entre autres ! - les archives royales (1824-1897), inscrites depuis 2009 au registre international « Mémoire du monde » de l’Unesco, des collections reliées de Journaux officiels de la République de Madagascar, mais aussi l’atelier de numérisation et l’atelier de reliure.
Nous remercions chaleureusement les collègues malgaches pour cette visite fort intéressante !
L’état civil conservé aux Archives nationales pour la période 1896-1930.
Il fait l’objet de plusieurs centaines de demandes de communications par an.
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Réunion cartes et plan
En fin de journée, Claudine et Fabien ont présenté à l’ensemble de l’équipe le travail qu’ils ont effectué sur les cartes et plans : dépoussiérage, mise à plat, estampillage, conditionnement et inventaire.
Le plan de classement est apparu au fur et à mesure du traitement, plusieurs sous-séries sont nées : cartes forestières par localités (classées par ordre alphabétique des lieux), cartes de Madagascar et celles relatives aux régions.
Claudine et Fabien à la baguette !
La présentation de la méthodologie du traitement et de l’inventaire des cartes et plans.
ASF-France
Dîner avec la DAN
Pour terminer la journée, nous avons passé un agréable moment de partage autour d’un bon dîner avec Claudine, qui nous a généreusement offert des cadeaux qui nous ont beaucoup touché.
Un dîner réussi !
De gauche à droite : Fabien, Claudine et Maxence
Maxence est repu après sa dose de zébu.
ASF-France
J-12 : Jeudi 31 octobre 2024
Dernier jour de travail !
C’est déjà la fin, ou presque ! Nous avons arrêté de décrire de nouveaux dossiers pour finir la description et l’enregistrement de ceux déjà en cours, et nous avons réfléchi à l’instrument de recherche que nous voulions établir pour ce fonds …
jeudi 31 octobre 2024
Une première version de l’instrument de recherche.
Jeudi a été notre ultime séance de travail sur le fonds du commissariat général au Plan - le vendredi étant férié, comme en France. Pendant toute la journée, nous avons ajouté au fichier de pré-inventaire les dossiers que les participant·e·s au chantier terminaient de décrire. En parallèle, pour établir une première version de l’instrument de recherche à partir de ce fichier, l’atelier « plan de classement » a été lancé en fin de matinée.
Ce travail parfois fastidieux a néanmoins été accompagné par la musique enthousiasmante d’un groupe de trompettistes qui paradaient dans le marché adjacent au bâtiment des Archives…comme tous les jours, les musiciens ont fait un arrêt presque sous nos fenêtres, pour le plus grand bonheur de nos oreilles ! Nous n’avons pas résisté à l’envie de vous partager une petite vidéo de ce moment, tournée depuis l’une de nos salles de travail.
Dans la rue du bâtiment annexe des Archives nationales.
Une musique enthousiasmante !
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Suite aux discussions des journées précédentes, nous nous sommes mis·es d’accord sur une organisation intellectuelle des dossiers relativement sommaire, construite en 4 parties :
Administration générale du Plan ;
Projets de développement ;
Plans pluriannuels ;
Politique commerciale ;
Nous avons ensuite attribué les articles entre deux groupes afin de répartir ceux-ci dans les différentes parties. Ce format d’atelier a été fécond : il a suscité une implication de tout·e·s les participant·e·s, tout en permettant d’affiner le plan avec l’ajout de sous-parties. Par ailleurs, cet atelier pratique a apporté des réponses à certaines interrogations relatives à la production d’un instrument de recherche qui étaient restées en suspens depuis le début du chantier.
Au cours de l’après-midi, un travail de restitution a été mené auprès des deux groupes pour valider les choix faits et les reporter dans un nouveau fichier Excel - première version du répertoire méthodique. Le processus n’était pas terminé à l’heure de la fin de la journée, mais tout le monde a tenu à rester une heure supplémentaire, dans la bonne humeur, pour achever le travail !
L’effervescence de la fin de journée !
D’ultimes ajustements apportés à l’instrument de recherche provisoire.
ASF-France
Cette première version de l’instrument de recherche reste bien sûr provisoire : plus de 30 mètres linéaires doivent être encore décrits et le plan de classement pourra être peaufiné. Les collègues des Archives nationales de Madagascar se réuniront la semaine prochaine afin de poursuivre le chantier.
L’ensemble des dossiers décrits à l’issue du chantier-école.
15 mètres linéaires…sans compter les cartes et plans et quelques dossiers hors-format !
ASF-France
Rendez-vous avec le Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade.
Au cours de cette même journée, Fabien s’est rendu à l’ambassade, avec Claudine, directrice des Archives nationales et Lily, coordinatrice du projet Fama, pour rencontrer Patrick Bosdure, Conseiller de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France à Madagascar. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères est le financeur de notre chantier école, ce rendez-vous nous a donc permis de présenter les beaux résultats du travail accompli, mais aussi de parler de l’avenir et de la perspective de nouveaux projets en collaboration avec nos collègues malgaches.
J-13 : Vendredi 01 novembre 2024
Derniers échanges avant veloma/au revoir
Pour cette dernière journée de mission, en ce premier jour de novembre et après une nuit agitée, les quatre missionnaires étaient invités à 10h dans la salle de lecture des Archives nationales de Madagascar, en présence de sa directrice, Claudine Ravololonjatovo, de Mesdames Helihanta Rajaonarison, Lily Razafimbelo, Felandzohary Razanakolona et de Monsieur Dama Rakotondrasedo.
vendredi 1er novembre 2024
Nous avons pu échanger, chacun s’exprimant sur le bilan de nos réalisations.
La satisfaction de la qualité du travail réalisé était unanime, malgré des difficultés quotidiennes (complexité du décaissement, budgets insuffisants pour le matériel de conditionnement et de nettoyage, coupures d’eau et d’électricité…). Nous reviendrons plus précisément sur ce bilan dans le rapport de mission.
Aux Archives nationale, jour de la Toussaint
L’ensemble des participants au chantier-école-Madagascar 2024
ASF-France
À 12h30, nous avons retrouvé l’ensemble des participants au chantier-école pour le dernier repas partagé. Nous avions décidé d’offrir un pot de départ et nous avons reçus de magnifiques présents : lamba/tissus, écharpes et sacs.
Ensuite, une attestation de participation a été remise aux étudiants, puis la cérémonie s’est terminée par des salves de mako/applaudissements, afin de nous féliciter des travaux et des acquis de connaissances réalisées par tout le monde (formés comme formateurs).
Cérémonie de remise des attestations de participation au chantier pour les étudiants
De gauche à droite : Dama, Felandzohary, Claudine, Helihanta, Fabien et Lily
ASF-France
Enfin et comme souvent en Lémurie, où tout commence en kabary /discours et finit en hira/chants, Tolotra à la guitare et ses collègues des Archives nationales, puis Thomas, Maxence et Fabien ont chanté. Les discussions se sont poursuivies l’après-midi dans l’émotion des rencontres et la fin d’un voyage : pénates pour les uns, valises et long courrier pour les autres.
Pour finir en musique !
Tolotra à la guitare, Serge, Setra et Mamy au chant, l’orchestre des Archives nationales en action.
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