Lyon / Paris / Douala / Santchou

J-1/2 : dimanche 18 et lundi 19 mai 2025

Après s’être réveillée à 6h ce matin (non pas que je devais me lever tôt pour prendre mon train mais mon chat a senti le départ approcher et a demandé une double dose de câlins), je termine mon sac et me prépare à partir. Au programme de ce dimanche : train en direction de Paris depuis Lyon dans la matinée, puis avion en direction de Douala depuis Paris dans l’après-midi.
Lyon-Paris
Lyon-Paris
Arrivée à l’aéroport Charles de Gaulle
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  • En vol vers le Cameroun...
    En vol vers le Cameroun...
    ... s’occuper en faisant du crochet
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    Il est 22h30 (21h30 au Cameroun). Je pose pour la première fois mes pieds sur le continent africain. Le partenaire local de la mission et son chauffeur m’accueillent à l’aéroport pour rejoindre l’hôtel. Je resterai la nuit à Douala pour prendre la route vers Santchou demain matin.

Championnat de foot à Santchou

Après un petit-déjeuner à base de banane frite et d’omelette, nous prenons la route avec Urbain, le colonel en charge de la protection de la Réserve de Faune et Léopold, son ami et chauffeur pour la mission.

Les 3h30 de route qui séparent Douala de Santchou sont parsemées de nids de poule, de drapeaux camerounais flottant sur nombre de bâtiments, de femmes et d’enfants portant leur marchandise sur la tête, d’animaux (poules, chèvres et bœufs) se baladant sur le côté... Mais il y a aussi la pollution : beaucoup de déchets et une odeur de pneu brûlé et de carburant surplombant les villes que nous traversons.

Sur la route vers Santchou
Sur la route vers Santchou
premiers contacts avec des scènes de vie quotidienne
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Sur le chemin, je discute avec Urbain de la mission d’archivage qui semble très attendue par les agents de la réserve, tout comme d’autres organismes (mairie, lycée...) qui voudraient profiter de mon passage pour poser des questions sur leurs propres archives.

La formation ne commencera pas avant jeudi. Ce mardi est jour de fête nationale et mercredi, une journée dédiée aux échanges avec les acteurs politiques en charge et/ou visés par le projet.

L’après-midi, arrivée à l’hôtel, je profite d’une courte pause avant de rejoindre Urbain au stade de foot : c’est la finale d’un championnat opposant l’équipe du lycée technique de Santchou et celle de l’administration de Santchou, qu’Urbain supporte avec ardeur.

Championnat de foot
Championnat de foot
aux premières loges
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On me demande de me placer aux côtés du sous-préfet et du maire de la commune pour assister au match et pour parler un peu des archives.

Bien qu’impressionnée par la présence de ces personnalités à mes côtés, je comprends que cette mission a également une dimension politique et que la sensibilisation à l’archivage se fera bien au-delà du périmètre de la réserve.

Premiers contacts

J-3/4 : mardi 20 et mercredi 21 mai 2025

La mission démarre avec la rencontre des officiels de Santchou et des agents de la réserve de faune.

Fête nationale camerounaise

Ce mardi 20 mai est un jour spécial pour le Cameroun qui célèbre sa 53e fête de l’unité camerounaise. Des dizaines de milliers de personnes profitent de ce jour férié pour assister et participer au défilé (militaire d’abord, puis civil) devant les personnalités politiques de l’arrondissement de Santchou.
Je suis aux premières loges pour assister à une cérémonie qui durera plus de 2h30 sans interruption et qui fera défiler les organes militaires (gendarmerie nationale, police municipale, agents des eaux et forêts), les 53 écoles de l’arrondissement, autant de collèges, lycées et écoles supérieures, une centaine d’associations et, enfin, les partis politiques.

Fête nationale camerounaise
Fête nationale camerounaise
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Fête nationale camerounaise
Fête nationale camerounaise
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S’enchaînent ensuite jusqu’au bout de la nuit, repas des différents corps et temps de fête partout dans la ville. C’est aussi l’occasion pour les agents de la réserve de faune de Santchou de parler officieusement de la mission archivage aux dirigeants locaux (chefs de village, maire...).

Présentation de la réserve et visite de courtoisie aux autorités locales

La journée de mercredi débute avec une présentation du service de la conservation de la réserve de faune avec l’ensemble des agents. L’objectif est d’identifier les activités du service producteur et de recenser les besoins spécifiques à chacun. L’archivage (papier et électronique) est abordé.

Agents de la réserve de faune de Santchou
Agents de la réserve de faune de Santchou
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J’en profite également pour faire un rapide diagnostic des archives du bureau du colonel. Il semble y avoir environ 3 mètres linéaires à classer. Cela semble peu mais les vracs sont nombreux. Certains documents remontent aux années 1980 et sont entremêlés : archives produites par la réserve, archives personnelles et documents reçus sur divers sujets. Cela donnera de la matière pour l’atelier de tri.

Archives du bureau du colonel
Archives du bureau du colonel
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L’après-midi, une visite de courtoisie est prévue aux autorités de la ville (sous-préfet, maire et gendarmerie). Le but est double :

  1. sensibiliser ces organes décisionnaires à la question des archives ;
  2. inviter certains agents à rejoindre ceux de la réserve de faune pour participer à la formation.

Le nombre de stagiaires devrait donc être bien supérieur à ce qui était prévu initialement.

Archives au Cameroun : une loi à connaître

J-5 : jeudi 22 mai 2025

Démarrage de la formation aux techniques d’archivage.

Le moment est venu d’initier la formation aux techniques d’archivage. Celle-ci se fait dehors, sous un arbre entouré de poules qui ont décidé de se greffer à la quinzaine de participants. Les origines des stagiaires sont multiples. Participent à la formation, des agents :

  • de la réserve de faune de Santchou ;
  • du commissariat de police ;
  • du lycée bilingue de Santchou ;
  • du laboratoire TPMS (techniques principales médico-sanitaires) ;
  • de l’université de Dschang, située à près d’1h de route du lieu de formation.
    Formation aux techniques d'archivage
    Formation aux techniques d’archivage
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    Formation aux techniques d'archivage
    Formation aux techniques d’archivage
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Suite à diverses modifications de planning, il est décidé collectivement d’aménager les horaires pour libérer l’après-midi, permettant aux participants de se consacrer à leurs occupations traditionnelles. 4h seront donc proposées par jour : de 9h à 13h.

Au programme de cette première journée :

  • découverte des notions de base relatives aux archives ;
  • analyse attentive du texte de loi à connaître : la loi n°2024-001 sur la gestion des archives au Cameroun.

L’atelier d’analyse du texte amène aussi à aborder d’autres thématiques patrimoniales comme la restitution du trône royal Bamum, actuellement conservé à Berlin.

Audit sur la situation des archives de la réserve

J-6 : vendredi 23 mai 2025

Diagnostic réalisé collectivement de l’état actuel des archives, aussi bien papier qu’électronique, de la réserve.

Le programme de formation de la journée porte sur deux points :

  1. l’un théorique avec les principes archivistiques ;
  2. l’autre pratique avec la réalisation des diagnostics de l’état actuel des archives papier et électroniques de la réserve.

Deux groupes sont formés pour chaque type de diagnostic et une mise en situation est réalisée.

Diagnostic des archives
Diagnostic des archives
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Diagnostic des archives
Diagnostic des archives
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La semaine prochaine, les participants auront pour mission de résoudre les différentes problématiques soulevées par leur diagnostic.

Le soir, je profite de ce temps de repos pour visiter l’entrée de la réserve et ses célèbres sculptures de buffle et éléphant nain.

Entrée de la réserve
Entrée de la réserve
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Dschang : de l’université au musée des civilisations

J-7 : samedi 24 mai 2025

Au programme pour ce premier jour du week-end : découverte de la ville de Dschang.

Je me lève un peu barbouillée d’une indigestion de la veille, la gastronomie camerounaise pouvant s’avérer un peu agressive pour mon petit estomac de française.

Ayant sympathisé avec Pauline et Maurice, deux étudiants de l’université de Dschang, nous décidons de nous rendre tous les trois dans leur ville. Sur la route, nous passons par la falaise de Dschang qui a subi un important affaissement le 5 novembre dernier, faisant cinq victimes ensevelies. J’avais déjà lu cette histoire avant de partir au Cameroun mais voir la falaise de mes propres yeux est très impressionnant et permet de mieux se rendre compte de l’ampleur des dégâts. La route est en reconstruction mais les stigmates resteront présents encore longtemps.

L’excursion à Dschang débute avec la visite du campus universitaire. Nous sommes accompagnés par le professeur Bobo, directeur du département de foresterie qui nous fait notamment visiter :

  • le jardin botanique de 13 hectares ;
  • la faculté d’agronomie et des sciences agricoles (Fasa) ;
  • la ferme agricole ;
  • le département de foresterie.
    Le jardin botanique
    Le jardin botanique
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    La ferme agricole
    La ferme agricole
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Nous faisons ensuite un rapide tour du centre climatique, un espace créé par les Allemands au début du XXe siècle. Il s’agissait d’une zone tampon qui leur permettait de s’acclimater au pays et dont les bâtisses de l’époque existent toujours.

Le centre climatique
Le centre climatique
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Nous nous dirigeons ensuite vers le musée des civilisations, riche d’informations sur les différentes ethnies du Cameroun.

Le musée des civilisations
Le musée des civilisations
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Enfin, avant de repartir, nous passons du côté du marché artisanal afin de faire quelques emplettes.

Les chutes d’Ekom Nkam

J-8 : dimanche 25 mai 2025

Exploration des chutes mythiques d’Ekom Nkam ou une balade mémorable !

Découvertes en 1675, les chutes d’Ekom Nkam sont très connues au Cameroun.

Avec ses 80 mètres de hauteur, la plus grande cascade de ce site naturel est aussi la plus grande du Cameroun (la 2e en Afrique et la 4e au monde). C’est à cet endroit que le film « Greystoke, la légende de Tarzan » a été tourné en 1984.

Les chutes d'Ekom-Nkam
Les chutes d’Ekom-Nkam
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Les membres de l’autre groupe qui nous accompagnent sont venus avec une douzaine de bouteilles vides. À proximité des deux petites chutes, ils quittent le sentier principal pour aller s’y baigner, remplir leurs bouteilles et boire l’eau des chutes. De mon côté, je les suis pour admirer la vue de plus près.

Les chutes d'Ekom-Nkam
Les chutes d’Ekom-Nkam
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Sur le retour, nous visitons l’ancienne usine de riz de Santchou. L’entreprise était un pilier de l’économie de la ville dans les années 1970-1980, jusqu’à sa fermeture il y a une trentaine d’années. Les acteurs locaux militent aujourd’hui pour une reprise de l’activité.

L'usine de riz de Santchou
L’usine de riz de Santchou
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Levée des couleurs et éliminations d’archives à la réserve

J-9 : lundi 26 mai 2025

Poursuite des travaux sur les archives de la réserve : le début des éliminations.

Tous les lundis, des rituels se mettent en place partout dans Santchou. Entre 7h et 8h environ, les écoliers chantent en chœur devant leur classe et des levées de drapeaux camerounais ont lieu dans nombre d’institutions publiques. Le bureau de conservation de la réserve de faune de Santchou ne fait pas exception. J’ai donc eu l’honneur d’assister à la cérémonie de levée des couleurs avant de reprendre la formation.

Levée de drapeau
Levée de drapeau
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Au programme de la journée :

  • collecte ;
  • communication ;
  • atelier d’élimination d’archives.

Nous rédigeons collectivement un premier bordereau d’élimination avant de passer au classement des archives restantes, programmé pour le lendemain.

Début des éliminations
Début des éliminations
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Archives à éliminer
Archives à éliminer
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Je pensais pouvoir profiter du reste de l’après-midi pour me rendre dans la réserve de faune et admirer la forêt mais la pluie battante a changé mes plans. Il est vrai que nous entrons en pleine saison des pluies. J’espère tout de même pouvoir y aller avant de repartir en France.

Vrac et wax

J-10 : mardi 27 mai 2025

Le traitement d’archives, les participants sont passés de la théorie à la pratique.

Après un bref point théorique sur le plan de classement, le programme du jour s’est tourné vers le traitement des archives en vrac de la réserve. Cette journée n’a donc pas été simple pour les participants à la formation qui ont mené un gros travail de recensement et de réorganisation des dossiers.

Traitement de vracs
Traitement de vracs
Les participants en plein exercice
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Traitement de vracs
Traitement de vracs
Des cas concrets pour les groupes
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Ces derniers ont identifié plusieurs domaines d’activité de la réserve : la gestion du personnel (avec des dossiers individuels d’anciens agents et des documents de suivi plus généraux), la correspondance (principalement entre les conservateurs successifs de la réserve et le ministère des Forêts et de la Faune, les autorités locales et la population), les relevés de terrain (dont des rapports d’activité couvrant la période 1983 à nos jours), la finance, les opérations coup de poing (dont des documents relatifs à des saisie d’armes, de bois, ou encore de matériels utilisés par les braconniers) et la sensibilisation (avec des brochures et comptes rendus de réunions avec la population).

N’étant pas des agents de la réserve et venant de différentes institutions alentours (gendarmerie de Santchou, université de Dschang et lycée bilingue de Santchou), certains participants découvrent pour la première fois ces documents. Leur but est donc d’appréhender les dossiers en vrac avec méthodologie afin de mettre à nouveau en pratique ce qu’ils ont déjà expérimenté avec les archives de la réserve au sein de leur propre institution.

En milieu d’après-midi, je me suis rendue avec Alice, mon hôte, au marché de Santchou avec l’objectif d’acheter du wax. Sur le marché, les couturières peuvent aussi réaliser des robes sur mesure avec les tissus choisis à même l’étalage. Il est plaisant de les observer travailler avec d’anciennes machines à coudre comme celle qu’utilisait ma grand-mère.

Le marché de Santchou
Le marché de Santchou
A la recherche de wax
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En début de soirée, la pluie est tombée en trombe sur la ville. Selon Alice, les autochtones ont le pouvoir sur le temps qu’il fera. Je ne peux donc qu’espérer qu’ils décident de ramener le soleil pour aller en forêt, inaccessible par temps de pluie.

Inventorier et témoigner

J-11 : mercredi 28 mai 2025

La formation aux techniques d’archivage touche à sa fin pour les participants.

Demain, nous clôturerons la session, le conservateur de la réserve préférant garder le vendredi pour la rédaction des rapports. Une journée ayant été encore une fois ôtée du programme initialement prévu, il n’y avait donc pas une seconde à perdre pour terminer, dans la journée, le classement de tous les dossiers.

Du classement à la mise en boite

Après une brève explication du fonctionnement du tableau de récolement permettant de recenser les archives, nous sommes partis des bases du plan de classement initialisé la veille pour finaliser le traitement des documents.
« -* Mais par où commencer ?

  • Comment ne pas rester bloquer face à un dossier qu’on ne comprend pas ?
  • Comment appréhender les vracs que l’on avait laissé de côté jusqu’à présent ?
  • Comment uniformiser les pratiques dans un groupe d’une quinzaine d’individus qui travaillent en même temps et aux points de vue possiblement divergents ? »

De nombreuses difficultés ont été rencontrées durant toute la matinée (matinée qui s’est étendue jusqu’à 15h alors que nous terminions habituellement plutôt vers 13h30).

Les discussions étaient vives, la poussière et les trombones volaient de partout, mais à la fin de la journée, il ne nous restait que la cotation définitive à appliquer sur les boîtes.

Archives presque toutes mises en boîte
Archives presque toutes mises en boîte
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Nous avons également dû faire face à un manque de conditionnement, le stock de boîtes étant limité à dix unités dont une que nous avons perdue en chemin, l’huile d’une moto garée dans la salle de classement ayant coulé dessus. « RIP ».

Accident de moto pour une boîte d'archives (vide rassurez-vous)
Accident de moto pour une boîte d’archives (vide rassurez-vous)
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Nettoyage post classement
Nettoyage post classement
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Les fournitures n’existant que très peu à Santchou, nous tenterons de nous ravitailler à Douala avec le conservateur avant d’aller à l’aéroport.

Profil des participants

Enfin, quelques participants se sont prêtés à l’exercice du témoignage pour exprimer ce qu’ils retiraient de cette aventure archivistique. Voici une retranscription sommaire de leurs propos.

Sévérin Fosso Djoumessi

J’ai pris connaissance de la formation par mon patron qui connaît le conservateur de la réserve de faune de Santchou. C’est lui qui m’a envoyé ici. Travaillant déjà dans l’administration, je souhaitais savoir comment organiser les archives de mon service, constitué de deux personnes.
J’ai été satisfait du peu que j’ai appris parce que je n’avais aucune idée de ce qu’étaient les archives auparavant. J’ai regretté de n’être arrivé que le deuxième jour car j’ai eu l’impression d’avoir manqué un chapitre important. J’ai aussi trouvé la durée de formation très courte et souhaiterais approfondir mes connaissances si celle-ci venait à être reconduite.

Sévérin Fosso Djoumessi
Sévérin Fosso Djoumessi
agent de perception de Santchou
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Merveille O. Kouankekang Ngnondete

Je n’avais jamais fait de formation à la gestion des archives auparavant. J’avais donc tout à découvrir. Du fait de la durée limitée de la formation, j’ai peur de ne pas avoir cerné tous les points importants. Dans tous les cas, celle-ci me sera très utile aussi bien pour mon travail à la réserve (pour savoir comment enregistrer les archives reçues) que pour ma thèse. Cela m’aidera notamment à mieux m’y retrouver dans les données que je collecte. Si la formation était reconduite, j’aimerais approfondir le plan de classement, le récolement et disposer de plus de temps pour pratiquer.

Merveille O. Kouankekang Ngnondete
Merveille O. Kouankekang Ngnondete
Adjointe au conservateur de la réserve de faune de Santchou
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Maurice Tatang Tafopi

J’ai été mandaté à la formation par un professeur de l’université de Dschang. J’espère que le fait que cette mission ait été rapportée au doyen de la faculté d’agronomie et des sciences agricoles (FASA) fera bouger les choses. J’ai trouvé que l’étude du texte de la loi 2024-001 sur la gestion des archives au Cameroun a particulièrement suscité l’engouement dans le groupe et réveillé des intérêts pour les archives, jusqu’alors ignorées. J’ai aussi beaucoup aimé l’alternance théorie / pratique et l’organisation structurelle de la formation. Il y avait une suite logique entre les chapitres qui permettait de faciliter l’apprentissage. En revanche, j’ai trouvé le temps court pour tout apprendre et la logistique n’était parfois pas adaptée :

  • pas de vidéoprojecteur pour projeter le Powerpoint,
  • tableau constitué d’une simple feuille avec un feutre peu visible.
    Il aurait aussi été mieux de trouver une salle pour accueillir la quinzaine de participants plutôt que de travailler sous un arbre, à l’extérieur. En tout cas, pour moi, la portée institutionnelle est capitale. Cela va être un gros défi à l’université. Tout le monde sait que j’ai suivi la formation et on va me solliciter pour l’archivage. Je vais donc proposer des projets d’aménagement et souhaiterais garder contact avec Archivistes sans Frontières.
Maurice Tatang Tafopi
Maurice Tatang Tafopi
Personnel non enseignant de l’université de Dschang et étudiant doctorant au département de foresterie à la faculté d’agronomie et des sciences agricoles (FASA), université de Dschang
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Pauline Maïyanpa

Comme Maurice, j’ai aussi été informée et missionnée par mon superviseur à l’université de Dschang. L’ objectif de ma venue était, au départ, de structurer la bibliothèque mais aussi d’implémenter un système d’archivage à la faculté. J’ai été très satisfaite de la formation et rentre bien enrichie pour mettre des choses en place autour de l’archivage. J’ai particulièrement apprécié les moments de pratique. En revanche, j’ai eu l’impression d’un manque de temps pour boucler le programme. Je souhaiterais que la formation soit reprogrammée pour être formée sur les points qui n’ont pas eu le temps d’être développés durant les 6 jours. J’aimerais surtout être complètement formée aux techniques d’archivage, revoir ce qui a déjà été étudié ainsi qu’être assurée du suivi de ce qui sera mis en place après la formation.

Pauline Maïyanpa
Pauline Maïyanpa
Étudiante doctorante au département de foresterie à la FASA, université de Dschang
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Une remise de diplômes bien méritée

J-12 : jeudi 29 mai 2025

La formation est terminée : l’heure de la récompense a sonné.

Tous les participants attendaient ce jour avec impatience : celui de la remise des attestations de formation. Certains le redoutaient aussi un peu, la remise étant précédée d’un petit entretien d’évaluation permettant de tester les connaissances acquises durant les 6 jours de formation aux techniques d’archivage.
Mais il fallait avant toute chose terminer définitivement le travail de classement, et notamment la dernière tâche qui avait été laissée de côté la veille : la cotation définitive des boîtes. Nous avons donc entrepris de le faire par le biais d’un atelier collectif. Il n’y avait plus de groupes distincts. Nous étions tous ensemble pour clôturer ce cycle.

Atelier collectif dédié à la cotation des boîtes
Atelier collectif dédié à la cotation des boîtes
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Ensuite, pendant que chacun remplissait une feuille d’appréciation du contenu de la formation, j’ai fait passer des entretiens individuels pour poser une question de connaissances générales sur les archives et faire un retour personnalisé à chacun. Cet exercice fut suivi d’un discours de clôture de la formation.

Discours de clôture de la formation
Discours de clôture de la formation
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Nous nous sommes enfin rassemblés à l’entrée du bureau de conservation pour la remise officielle des attestations et la prise des photos souvenirs avant de profiter d’un moment plus convivial autour d’une Kadji (la bière locale ou « champagne du Cameroun » comme certains l’appellent) ou d’un jus de fruits.

La remise des diplômes
La remise des diplômes
Participants diplômés à la formation aux techniques d’archivage, session 2025
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Profil des participants (suite)

J’ai également profité de ce temps informel pour poursuivre la collecte de témoignages que j’avais commencée la veille et dont voici les propos retranscrits.

Paulin Douanlagerve

C’est le conservateur qui m’a informé de la formation. J’ai voulu y participer parce que le thème m’a intéressé et parce qu’on ne sait jamais : je peux devenir chef d’un service et il me faut acquérir des connaissances en archivistique pour organiser mon bureau. La formation s’est bien passée. Je ne savais pas qu’il en existait de ce type. Grâce à elle, j’ai mieux compris la classification et je pourrai aider les autres à organiser leurs archives et préparer leurs boîtes. Je pourrai aussi mettre en place des procédures pour prévenir des incendies et des inondations.

Paulin Douanlagerve
Paulin Douanlagerve
Employé temporaire de la mairie de Santchou
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Anatole Kenda Nyamba

J’ai été informé de cette formation par le proviseur du lycée, sous-directeur de l’administration centrale. Au lycée, je suis en charge de la numérisation et de la gestion des données, y compris des archives. Ce sont donc mes centres d’intérêt. Au terme de cette formation, j’ai été plus outillé sur les techniques de tri, de classement et pour la première fois, j’ai fait l’expérience d’un récolement. J’ai l’impression que mes attentes ne sont pas totalement comblées à cause des contraintes de temps. J’aurais voulu en savoir plus sur la science de l’archivage sur laquelle je n’avais pas de connaissance préalable. Ici, l’archivage ne semble pas attirer l’attention des responsables de service de moindre envergure, en dehors des ministères, des services déconcentrés de l’État et des collectivités territoriales décentralisées. En qualité de technicien de développement documentaire, j’estime que l’archivage est un maillon important pour tous les acteurs de la gestion documentaire, mais aussi pour mon développement personnel.

Anatole Kenda Nyamba
Anatole Kenda Nyamba
Agent d’appui à l’administration au lycée bilingue de Santchou
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Séraphine Ampiatole

J’ai participé à cette formation avec plaisir et j’ai aimé acquérir des connaissances sur les archives. Je ne savais pas qu’il existait une formation sur ce sujet. De manière générale, j’aime ordonner les choses. J’aurais aimé un peu plus de temps pour répéter les explications et les intégrer. Mais de manière générale, je comprenais bien chaque thème de cours. Je vais surtout mettre en place des systèmes pour protéger les archives. Il me manque encore le matériel pour travailler sur des archives numériques, raison pour laquelle il m’est plus difficile de travailler sur ce type d’archives.

Séraphine Ampiatole
Séraphine Ampiatole
Écogarde à la réserve de faune de Santchou
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À l’intérieur de la réserve

J-13 : vendredi 30 mai 2025

Mission terminée : mise en lumière d’archives définitives et découverte de la réserve pour finir en beauté.

Bilan de la mission

C’est la dernière journée que je passe à Santchou avant de repartir à Douala demain matin pour prendre mon vol. Il est donc temps de faire le bilan de la mission. À 9h, une réunion est ainsi organisée avec Urbain Nzitouo, le partenaire local, pour discuter des objectifs atteints et de ceux qui seraient encore à fixer. Les retours des participants sont unanimes. La formation était trop courte et il faudrait la renouveler, si possible en la prolongeant. Il est vrai que le rythme était soutenu sur la fin. J’ai d’ailleurs dû terminer d’ajouter les étiquettes et mettre les boîtes à leur emplacement définitif seulement ce matin. Si le fonds (coté en RFS) n’est pas très conséquent, seulement 1,28 mètre linéaire, il a donné du fil à retordre lors de la formation.

Fonds de la réserve de faune de Santchou
Fonds de la réserve de faune de Santchou
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Quelques pépites trouvées

Je profite du temps qu’il me reste pour parcourir une dernière fois les archives à la recherche de quelques pièces ayant un intérêt particulier. Elles renseignent pour beaucoup sur les relations entre la population locale et les administrations, dont le service de conservation fait partie. Ainsi, la correspondance est importante et témoigne parfois des difficultés à trouver des terrains d’entente, chaque partie ayant ses besoins et obligations.

Voici quelques exemples de documents qui ont retenu mon attention :

Rapport annuel (1991)
Rapport annuel (1991)
Ces rapports permettent d’analyser les activités du service de conservation de la réserve sur le temps long.
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Copie d'un plan de la réserve (1991)
Copie d’un plan de la réserve (1991)
Le plan original n’a pas été retrouvé.
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Rapport de situation de la réserve (2002)
Rapport de situation de la réserve (2002)
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Communiqué du sous-préfet (sans date)
Communiqué du sous-préfet (sans date)
Objectif : protéger la réserve de Santchou
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Avant de partir...

Ensuite, le temps étant au beau fixe, j’ai la chance de pouvoir enfin entrer au sein de la réserve de faune de Santchou.

La réserve de faune de Santchou
La réserve de faune de Santchou
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Sous la tutelle du ministère de la Forêt et de la Faune (MINFOF), cette zone couvre une surface de 7000 hectares et représente la seule aire protégée de la région de l’Ouest du Cameroun. Suite à la migration des éléphants nains et buffles nains, beaucoup pensent que la réserve est aujourd’hui dépourvue d’animaux rares. Mais c’est oublier les caméras pièges posées depuis le mois dernier dans la forêt par le service de conservation et des volontaires de l’ONG Planète Urgence. Elles ont réussi à filmer des céphalophores bleus, des chimpanzés, divers rongeurs et, surtout, des pangolins, une espèce particulièrement protégée. Ne faisant pas partie de l’équipe chargée de faire les relevés de biodiversité, je n’ai donc croisé aucun de ces animaux mais j’ai pu admirer la grande diversité d’arbres qui couvrent la forêt.

Espèce d'arbre présente dans la réserve de faune de Santchou
Espèce d’arbre présente dans la réserve de faune de Santchou
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Même s’il ne pleut pas, la boue caractéristique du début de la saison des pluies rend les routes difficiles d’accès et les bottes hautes sont de mise. Sur une moto avec mon chauffeur, j’ai tout de même réussi à traverser 8 des 9 villages de la réserve (Mbongo, Mbokou, Mogot, Mokot, Nden Matock, Moyong, Mankang, Balé et Ngang). Dans chacun d’entre eux, se trouve une chefferie de 3e degré qu’il est de coutume de saluer lorsqu’un étranger la traverse. La couleur de ma peau attirant l’attention et ne faisant aucun doute sur mon passage en tant que touriste, les arrêts pour saluer les chefs sont fréquents.

À bientôt

J-14 : samedi 31 mai 2025

Partenariat Planète Urgence - Archivistes sans frontières au Cameroun : une suite à inventer.

La tête et le sac sont remplis de souvenirs : c’est le jour du départ. Nulle part on ne me dit « adieu » mais plutôt « à l’année prochaine ».

Certains ont découvert tardivement la possibilité de faire la formation et regrettent de ne pas avoir pu y participer. Du côté des présents, sur les 16 évaluations de satisfaction que j’ai reçues, à la question « remarques et suggestions », la demande de renouvellement et prolongement de la formation revient à 8 reprises. La nécessité du suivi est aussi souvent évoquée. Le rapport final est encore à peaufiner mais il est certain que le projet ne doit pas s’arrêter là.

J’arrive à Douala après 4 heures de route.

Moment de pose sur la route de Douala
Moment de pose sur la route de Douala
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Alors que l’aventure se termine bientôt, deux dernières surprises m’attendent encore. Alain Blaise Fotso et Charlotte Dompnier, deux membres de l’ONG Planète Urgence, sont de passage à Douala et me proposent de nous retrouver. Autre coïncidence, Matiyem Kadjio, le président de l’Association des professionnels de l’information documentaire du Cameroun pour l’Afrique (APIDCA) me signale qu’il est également dans les parages. En quelques minutes, j’organise une rencontre collective afin d’échanger sur la mission de formation aux techniques d’archivage et ses perspectives.

Rencontre entre associations à Douala
Rencontre entre associations à Douala
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L’occasion est idéale pour les deux associations de se rencontrer et évoquer dans le même temps la participation d’Archivistes sans frontières dans ce projet. Le Cameroun ne manque pas de ressources pour faire la part belle aux archives et mener des actions sur le terrain. Un chapitre se clos ici mais le livre n’est pas terminé.

Affaire à suivre...



 

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La section française d’Archivistes sans frontières (ASF-France) intervient pour mener à bien des opérations ou activités qui répondent aux principes et valeurs énoncés dans ses statuts. Ses membres interviennent de manière bénévole.
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