Arrivés à Ouagadougou

Après un long voyage de Paris à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso le 7 septembre à 23h heure locale (1h du matin heure française), nous sommes accueillis par des amis et la famille de Marc Trille avec qui nous dinons.

Samedi 8 septembre

La journée commence par une visite commentée du Centre des Archives Nationales.

L’équipe ASF-France pose aux Archives nationale avec Marie-Jeanne Diasso, Directrice des Archives historiques et iconographiques.

La forme et les motifs des chapeaux que seuls les chefs ont le droit de porter et qui ornent le toit de la salle de réunion des Archives nationales sont le symbole de l’importance accordée aux Archives.

La Directrice, Marie-Jeanne Diasso, nous présente la salle de tri, les deux magasins et la salle de lecture.

Près de quarante personnes (dont vingt archivistes) travaillent dans ce centre. Une formation en archivistique a été créée à l’ENAM (Ecole nationale de magistrature) ce qui permet au centre d’avoir régulièrement des stagiaires.

La situation n’est pas simple. Le bâtiment datant des années 30 est initialement une imprimerie. Il a vieilli et connaît malheureusement des infiltrations d’eau et des problèmes de conservation. Un magasin est équipé en rayonnages fixes autoportants sur 2 niveaux. L’autre magasin est partiellement équipé. Il existe des instruments de recherche sur papier et fiches.

Les deux mains stylisées portant deux cercles concentriques sont l’emblème des Archives nationales. Il symbolise la mémoire.

Lors de la révolution populaire de 2014 et du renversement du gouvernement, les inestimables archives de l’Assemblée nationale ont été totalement détruites. Les archives nationales ont été menacées mais heureusement, sans autre conséquence. Les fonds burkinabés sont répartis dans différents centres d’archives (ANOM à Aix-en-Provence, Dakar…). Les fonds iconographiques sont maigres mais bien conservés.

L’après-midi est consacré à la visite du village des artisans de Ouagadougou.

La soirée a été partagé autour d’un repas chez l’habitant.

Arrivés à Bobo-Dioulasso

Grâce au gouverneur qui nous a mis à disposition son chauffeur, nous prenons la route de Ouagadougou vers notre lieu de mission à Bobo-Dioulasso.

Dimanche 9 septembre

Six heures de route pour parcourir 356 km et des dos d’âne tous les kilomètres qui ralentissent bien le trafic ! La route traverse de nombreux villages. Les accidents sont fréquents. Le trajet est très pénible, impossible de prendre un peu de repos !

Lors de la pause déjeuner, nous faisons la rencontre d’Antoine Atiou, gouverneur de la région des Hauts-Bassins et ami de longue date de Marc Trille. Nous mangeons et faisons connaissance lors d’un repas sur la route dans un maquis, sorte de bar-restaurant de brousse.

A 19h, nous arrivons au Centre d’Accueil des Missionnaires (CAM) de Bobo-Dioulasso (Bobo) avant de nous rendre au gouvernorat où l’épouse du gouverneur nous invite à dîner. Demain, nous débutons la mission à 7h30. Une bonne nuit de sommeil nous fera le plus grand bien après ce long voyage !!

Le gouverneur Antoine Atiou montre un intérêt certain quant à la gestion des archives de sa région et nous encourage pour la mission à venir.

Dans l’action dès le 1e jour

Le grand jour est arrivé... la mission démarre officiellement. Ainsi, nous entamons la matinée en faisant tout d’abord connaissance avec les 14 personnes avec qui nous allons travailler ainsi qu’avec le magasinier et le chauffeur qui viendront ponctuellement nous aider .

Lundi 10 septembre

Après les présentations de rigueur, les tâches sont réparties entre les trois archivistes du gouvernorat, les deux étudiants de l’Ecole Nationale de Magistrature, les trois étudiants de Licence 2 de l’Université de Koudougou, un archiviste et une secrétaire de direction du Conseil Régional.

Pensant assister à une formation thérioque, ils vont pourtant très rapidement découvrir que le meilleur apprentissage se fait dans l’action. Nous allons donc classer !

Le local qui conserve les documents du Gouvernorat des Haut-Bassins, région sud-ouest du Burkina, est sombre et très poussiéreux mais dispose désormais d’une climatisation et de fenêtres depuis la dernière visite d’ASF-France.

Le première objectif est posé ! Il faut transférer les documents dans la salle du Conseil, transformée pour l’occasion en la salle de travail pour les deux semaines à venir.

L’équipe fait une première constatation : le volume des journaux est plus important que celui estimé. Une élimination n’est pas envisageable (sauf les doublons). En effet, que ce soit Le journal de Bobo ou La voix du parlement, nous ne connaissons pas les conditions de conservation dans les autres institutions. Ainsi par exemple, les riches archives et la documentation du Parlement Burkinabé ont brûlées lors de la révolte populaire de 2014. Il vaut donc mieux conserver tous les documents que nous allons trouver sur cette institution, même son magazine.

Nous constituons deux équipes : 6 personnes s’attaquent aux archives, 8 autres aux journaux pour régler la question au plus vite. Le transfert s’accompagne d’un dépoussiérage sommaire. L’opération assez pénible mais nécessaire.

La pause matinale (à 10h, après avoir commencé à 8h) et le repas de 12h30 sont pris en charge par le gouvernorat. Cette longue journée s’achève à 16h. L’équipe est épuisée mais satisfaite du travail accompli.

ENAM de Ouagadougou

Nos étudiants burkinabés (ENAM) : qui sont-ils ?

Deux élèves de la filière Archives de l’Ecole Nationale d’Administration et de la Magistrature (ENAM), Adèle Banyalba et Anatole Tapsoba, ont été sélectionés pour participer au chantier-école d’ASF à Bobo-Dioulasso.

L’idée d’une participation conjointe d’étudiants français et burkinabés sur une mission d’ASF pour en faire un chantier-école est venue d’une volonté partagée de la directrice de la formation de l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines et Monsieur Ouedraogo, le directeur de l’ENAM de Ouagadougou.

Ainsi, deux étudiants de la promotion d’élèves conservateurs sont arrivés à Bobo pendant nos deux semaines d’intervention. Le choix s’est porté très simplement sur les deux premiers de la promotion, composée de 3 femmes et de 9 hommes : Adèle Banyalba et Anatole Tapsoba.

L’ENAM propose 3 niveaux de formation en archivistique, accessibles sur concours :

  • aide-archiviste (équivalent de notre catégorie C),
  • archiviste d’Etat (équivalent catégorie B)
  • conservateur (équivalent catégorie A).

Au total, plus d’une centaine de nouveaux diplômés qui sortent de cette formation chaque année.

Adèle Banyalba

Adèle ne se prédestinait pas au métier d’archiviste. Après avoir tenté plusieurs concours administratifs, elle s’est présentée et a été admise à celui de l’ENAM pour devenir archiviste d’Etat. Jusque là, elle ne connaissait rien des archives et en avait même une image très « passéiste » et poussiéreuse. A l’issu de sa formation, elle est nommée au Conseil Supérieur de la Communication où elle a pour responsable Anatole. Au bout de 3 ans, elle décide de passer le concours d’élève conservateur. Elle s’y présente avec Anatole qu’elle a réussi à convaincre. Tous deux le réussisent. Très intéressée par la discipline, Adèle envisage aujourd’hui de faire une thèse en archivistique.

Anatole Topsoba

Recruté par une société qui effectue des missions de classement, Anatole y a appris l’archivage sur le tas. Cette expérience lui ayant beaucoup plu, il a alors décidé d’intégrer l’ISTID (Institut des Sciences et Techniques de l’Information Documentaire). Cette formation privée de deux ans lui a permis d’obtenir un BTS d’Etat. Jeune diplomé, il intégre le Conseil Supérieur de la Communication. Après 8 années de travail au sein du CSC, il entre à l’ENAM avec Adèle qui a su le convaincre de se présenter au concours d’élève conservateur avec elle. Son objectif serait d’ouvrir son propre cabinet d’étude en archivistique ou devenir consultant international en archivistique.

A l’issu de leur formation de 2 ans comme élève conservateur à l’ENAM, Adèle et Anatole seront réintégrés au Conseil Supérieur de la Communication.

Université de Koudougou

Nos étudiants burkinabés (Koudougou) : qui sont-ils ?

Aux deux élèves-conservateurs de l’ENAM présentés précédemment, trois étudiants en Licence Pro « Science de l’Information Documentaire » (SID) de l’université Norbert Zongo de Koudougou sont venus se joindre à nous.
Blandine Bayili, Hamado Kouraogo et Eve-Marie Sawadogo (de gauche à droite sur la photo) sont tous les trois en Licence 2.

La licence SID est une formation assez généraliste sur les métiers des bibliothèques, de la documentation et des archives. La promotion de Blandine, Hamado et Eve-Marie accueille 35 étudiants. Tous devront soutenir un mémoire et une soutenance en Licence 3.

Pour cette année en licence 2, nos trois étudiants devaient réaliser un stage d’un mois. Ils ont tous les trois intégré un des services d’archives de Bobo dans lesquels on les a informé de la mission d’ASF. L’année universitaire ne reprenant que le 5 octobre, ils ont souhaité se joindre à nous afin d’approfondir leur stage.

Blandine Bayili

Blandine est entrée en filière SID par méprise. Elle voulait initialement faire de la communication et pensait que cette licence pro la préparerait. Même si elle n’a aucun regret sur la direction prise, elle tentera à l’issue de sa Licence d’intégrer tout de même un master en communication avec l’espoir qu’une passerelle existe. A défaut, elle tentera le concours d’archiviste d’Etat pour travailler dans le secteur public. Elle cherchera un poste dans une société d’archivage en cas d’échec au concours. Des trois, elle a déjà une idée de son mémoire de fin de Licence « La réorganisation des archives du gouvernorat des Hauts Bassins ». Un sujet de circonstance ! Nous avons d’ailleurs vu ensemble son plan.

Hamado Kouraogo

Hamado a choisi cette filière sur le conseil de ses ainés et pour son aspect professionnalisant. Toutefois, conscient des difficultés à trouver un poste avec une seule Licence, il cherchera en premier lieu un emploi dans une société privée d’archivage pour y faire du conseil ou du classement. Comme un grand nombre d’étudiants passent les concours de la catégorie B ouverts dès le niveau bac, il envisagera, après quelques années d’expériences professionnelles, de passer soit le concours d’élève-conservateur de l’ENAM soit de monter sa propre société en archivage.

Eve-Marie Sawadogo

Eve-Marie aime l’écrit. Elle se destine plutôt au métier de bibliothécaire avec le projet d’ouvrir sa propre médiathèque privée. En attendant de trouver l’argent nécessaire à la concrétisation de son projet professionnel, elle travaillera dans les archives à l’issue de sa licence. La filière archives est en effet plus recruteuse que celle des bibliothèques. Pour autant, elle a déjà commencé à chercher des partenaires financiers afin que son rêve de proposer des livres, des CD, des jeux vidéos, des BD, une connexion internet stable... se réalise rapidement car si ce type de structure existe probablement à Ouagadougou, il est rare d’en trouver ailleurs dans le pays. La seule bibiothèque à Bobo, ville de près d’un million d’habitants, est celle du centre culturel français. Si son projet fonctionne, elle envisage d’aller suivre un master au Sénégal, en France ou au Canada.

Nos trois étudiants ont découvert le côté physique (voir même éprouvant) du métier d’archiviste. Ils ont été d’une aide précieuse sur la mission et en retour, ont beaucoup appris pendant ces deux semaines...

Les archives du Haut-Commissariat

Cette deuxième journée de mission commence sous un déluge d’eau. Nous ne sommes pas encore sortis de la saison des pluies qui s’étend de juin à septembre et elle est bien présente ce matin pour nous le rappeler. Cela va bloquer nos opérations de transfert pour quelques heures.

Mardi 11 septembre.

Nous poursuivons le traitement des journaux, aussi précieux ici que les documents d’archives et celui de certains fonds d’archives. L’accent est porté sur les archives du Haut-commissariat.

Nous avons été rejoints par une archiviste et une secrétaire de la mairie de Bobo. Tous pensent venir à une formation et sont vêtus de leurs plus beaux atours. Première urgence, trouver des blouses !

Depuis que le Burkina a obtenu son indépendance le 4 août 1960, l’organisation administrative a peu changée. Les « cercles », entité administrative territoriale et militaire, sont alors remplacées à l’identique par les haut-commissariats. La Haute Volta garde son nom pour n’être rebaptisée Burkina Faso (« Pays des hommes intègres » dans plusieurs dialectes) qu’en 1984.

En 2004, les Gouvernorats sont créés. Celui des Hauts-Bassins chapeaute 3 haut-commissariats sans que ceux-ci ne soient supprimés. Il a donc été décidé de commencer le classement par les archives du Haut-commissariat conservés au gouvernorat et recouvrant la période 1960-2004.

Le soir, le gouverneur Antoine Atiou nous rejoint, nous allons tous déjeuner en ville, dans une arrière-salle, « pour plus de sécurité ». Les attentas récents ont eu lieux à Ouaga et non à Bobo mais la prudence reste de mise. Nous avions d’ailleurs envisagé de visiter le week-end prochain les cacades de Banfora mais le gouverneur nous le déconseille. Changement de programme, nous verrons bien !

Ouverture officielle du chantier-école

La mission connait un des temps forts de ces 15 jours au Burkina Faso : l’ouverture officielle du chantier-école prononcée par le gouverneur Antoine Atiou lors d’une cérémonie protocolaire.

Mercredi 12 septembre.

A 10h du matin, après deux nouveaux transferts d’archives, un temps protocolaire nous attend, celui de l’annonce de l’ouverture officielle du chantier-école prononcée par le gouverneur Antoine Atiou en présence de personnalités locales, représentantes de diverses administrations telles que :

  • la mairie,
  • le Conseil régional,
  • la Direction Régionale des Routes et Transport et
  • le Haut-commissariat.

Pour l’occasion, notre local de travail est transformé en salle protocolaire.

Marc Trille, notre chef de mission, prononce alors le premier discours. Il présente la mission, ses objectifs et ses perspectives.

La parole est ensuite donnée au gouverneur qui exprime son vif intérêt pour les archives. La presse locale, écrite et audio-visuelle, est présente pour couvrir cet évènement.

Nous reprenons ensuite le travail alternant entre transfert d’archives, dépoussiérage, premier tri chrono-thématique et classement.
Nous sommes répartis en trois groupes :

  • 1e groupe : Sihem, Sovannara, Adèle et Anatole sur les archives coloniales.
  • 2e groupe : Marc, les archivistes du gouvernorat et de la mairie sur les archives du Haut-commissariat (1960-2004). Le groupe s’attaque à un fonds important en vrac qui nécessite une analyse rapide, pièce à pièce.
  • 3e groupe : Jérôme, les étudiants de Koudougou et les volontaires sans formation en archivistique sur le classement chronologique et la cotation du journal officiel.

L’archiviste de la Direction régionale des transports, Hervé Sib et un nouveau volontaire du gouvernorat, Jean-Marc, viennent renforcer l’équipe. Avec ces nouveaux participants, nous atteignons désormais la vingtaine de stagiaires.

Le soir-même, un premier reportage est diffusé. Ce dernier a déclenché une prise de contact entre le président de l’université de Bobo (qui ne dispose pas de formation en archivage) et le gouverneur. Le lendemain, un article paraitra également dans la presse locale.

Le voyage est également fait de découvertes... Le hasard nous amène dans un maquis-pizzeria tenu par patron espagnol pour diner le soir. Savourer une pizza au beau milieu du Burkina Faso nous donne une étrange sensation. Nous apprenons à cette occasion qu’il n’est pas rare de trouver ce plat dans le pays.

Visite de la DRRT et de la mairie de Bobo

Répondre aux diverses invitations est un devoir incontournable durant nos missions. Ces moments d’échanges renforcent en effet les liens, participent plus généralement à la sensibilisation pour une bonne gouvernance des archives et permettent de se confronter à des modes de gestion différentes.
Tous les participants au chantier-école se sont ainsi rendus à la Direction régionale des routes et transports (DRRT) puis à la mairie de Bobo.

Jeudi 13 novembre

Ce matin, nous répondons à deux invitations :

  • la Direction régionale des routes et transports
  • la mairie de Bobo

    Pour les agents de ces deux structures qui participent au stage, ces visites sont le moyen d’attirer l’attention de leur hiérarchie sur leur service. De plus grâce à la cérémonie d’ouverture du chantier-école de la veille, le travail que nous menons de concert, archivistes et stagiaires franco-burkinabé, a une réelle visibilité mais permet également d’avoir une véritable reconnaissance.

    A la Direction régionale des routes et transports, nous sommes reçus par le directeur avant de visiter les locaux d’archives avec Hervé Sib, l’archiviste d’Etat.

    La majeure partie de son fonds d’archives concerne les permis de conduire et les enregistrements de véhicules (immatriculation). Ces derniers sont différents qu’’il s’agisse d’une moto ou d’une voiture. Les deux systèmes entrainent donc un classement séparé.

    Le système d’immatriculation des voitures ayant totalement changé, tous les dossiers antérieurs à 1996 sont devenus obsolètes. Une demande d’élimination doit alors remonter jusqu’au ministre des transports. Le délai d’obtention du visa peut prendre plusieurs mois. Un contrôle du bordereau est également effectué par les Archives nationales.
    Ici, pas de boite mais des chemises à sangles. Il n’y a ni anonymisation des dossiers ni registre et encore moins d’instrument de recherche. En recherche permanente d’espace, l’archiviste se voit dans l’obligation de faire du simple stockage.

    Nous prenons ensuite la direction la mairie de Bobo. La situation est radicalement différente : les archives ont de la place et sont installées dans un ancien entrepôt de produits pharmaceutiques, très haut de plafond et avec des alcôves en béton qui font office d’étagères.

    L’Etat civil qui remonte aux années 1920 a été classé il y a quelques années par Marc, notre chef de mission. Un projet interne de numérisation a été envisagé un temps mais n’a finalement pas eu abouti, faute de moyen pour l’achat d’un scanner (avis aux éventuels donateurs). La visite s’achève par le bureau du personnel. Nous avons pu constater de la bonne gestion courante des dossiers des agents municipaux. Pour autant, aucun tableau de gestion n’a été élaboré que ce soit à la mairie de Bobo qu’à la DRRT.

    Nous sommes de retour au gouvernorat à 10h et reprenons le cours de la mission. Le traitement des archives de la période coloniale progresse tout comme celui des archives du Haut-gouvernorat et du journal officiel. L’objectif du jour est de ranger les journaux dans un espace dédié d’un bâtiment un peu excentré des autres.

    Madame Traoré, directrice des archives du gouvernorat

Ce local ne dispose pas de vitre aux fenêtres, premières protections contre les éléments extérieurs (poussière, insectes...). Un nettoyage préalable au transfert s’impose complété de quelques aménagements succincts ayant pour but d’empêcher les termites de s’attaquer au papier. Les liasses de journaux sont alors positionnées sur de vieux meubles à clapets posés à plat au sol et à bonne distance des murs ce qui, en l’absence de rayonnages classiques, fait l’affaire.

Parallèlement, nous poursuivons le transfert des archives et le dépoussiérage.

Le local archives a été récemment équipé de vitres aux fenêtres. Pendant des années, à la saisons sèche, la poussière s’engouffrait dans la pièce. Malgré de ponctuels nettoyages, la terre rouge est omniprésente !

Fin de la 1e semaine... déjà !

Pour permettre aux femmes de ménage de nettoyer le local d’archives durant le week-end, la priorité de notre journée est donc finir de vider ce qu’il reste dans cet espace c’est à dire tout le vrac ! Il nous faut également achever le classement des journaux officiels. Très vite, nous mesurons l’ampleur de la tâche pour cette seule journée.

Vendredi 14 septembre

Il pleut... et au Burkina Faso, ce n’est pas un détail. Alors que notre temps est compté, tout s’est arrêté ! Alors patiemment, nous attendons...

Le chauffeur n’est pas là... nous attendons studieusement

Après une bonne heure d’attente, nous sommes enfin de retour sur le site de traitement... le travail peut reprendre.

Ce n’est que très récemment, faisant suite au déplacement préparatoire de la mission par Christine Martinez et Marc Trille, que le gouverneur a permis l’amélioration des conditions de conservation dans le local d’archives en y faisant :

  • monter une climatisation,
  • poser des vitrages aux fenêtres.

Ces « petits » aménagements sont un luxe dont les locaux d’archivage précédemment visités ne peuvent se prévaloir. Mais la poussière n’a pas disparu pour autant. Toutes les boites sont recouvertes de cette terre rouge si caractéristique au Burkina. Portée par le vent lors de la période sèche, elle s’incruste partout.

Le masque s’impose, de même qu’une opération rapide et collective de dépoussiérage, avant de faire entrer les documents dans le local de travail.

Les documents s’entassent partout dans la pièce, nous avons du mal à nous déplacer. Nous décidons de répartir tout ce vrac en trois piles distinctes. Pour une question pratique de gestion de l’espace, nous ne procédons à ce stade à aucun classement.

Pour autant, les documents antérieurs à 1960 sont directement extraits afin d’être traités avec les archives de la période coloniale. Il y aura malheureusement quelques loupés que nous ne découvrirons qu’à la fin de la mission.

Beaucoup de documents sont en liasse. Nous espérons que ce vrac ne soit que « relatif » et que nous allons retrouver une structuration documentaire. Malheureusement, un examen plus fin nous révèlera que ce vrac est avéré et que ce regroupement de documents en liasse ne correspond à rien.

En fin de journée, la peau et les vêtements sont recouverts de poussière. Nous en avons également dans le nez, la gorge... La douche est salutaire !

Physiquement, cette journée a été la plus éprouvante de notre séjour jusqu’à maintenant. Heureusement, c’est le week-end !

Un week-end bien mérité

Après un long voyage de Paris à Ouagadougou jusqu’à Bobo-Dioulasso, nous avons enchainé ces 5 premiers jours de mission « chantier-école », riches en échanges archivistiques. Le week-end est arrivé et il est accueilli avec grand plaisir par tous. Nous allons pouvoir nous poser un peu et découvrir une autre facette du Burkina.

Samedi 15 septembre

Désiré, le frère du gouverneur nous conduit à l’extérieur de Bobo à la Guinguette-maquis, située en bordure d’eau et en lisière de forêt. Les pluies ont transformé le chemin y menant en véritable bourbier.

Habituellement, l’eau est plus claire et permet de s’y baigner mais pendant la saison des pluies, elle se charge d’alluvions et lui donne cette apparence boueuse.

Dans les maquis, surtout situés en-dehors des villes, le menu est souvent unique (poulet grillé et riz) mais on ne peut pas plus frais ! En effet, les poulets sont tués (et préparés) à l’arrivée des clients. Pour l’anecdote, Marc a déjà eu l’occasion, lors de séjours antérieurs, de choisir son repas directement dans le poulailler.

En Afrique, le temps se savourent au propre comme au figuré. Le tout est arrosé de Brakina, une bière largement répandue au Burkina. Après ces quelques heures passées à table, nous allons visiter la forêt protégée de Kou.

A l’entrée, une maison traditionnelle en terre, avec un étage, a été reconstituée mais faute d’entretien, elle tombe en ruine.

Là encore, la boue nous empêche de nous engager trop loin.

La forêt possède une source résurgente, toujours en eau. Nous ne verrons pas d’animaux malheureusement mais de très beaux arbres majestueux.

Au retour, des enfants d’un village prennent la pause sur leur charrette tirée par un âne. Ce dernier est de plus en plus remplacé par la mobylette ce qui n’arrange pas le niveau élevé de pollution.

Les villes burkinabées sont très polluées, que ce soit par les gaz d’échappement ou par les déchets plastiques omniprésents : sacs noirs mais surtout sachets d’eau. Les habitants ne boivent pas toujours l’eau du robinet (quand ils ont un robinet), pas toujours potable. Les poches d’eau de 30 ou 40 cl achetés auprès de vendeurs ambulants au prix de 5 cts d’€ se trouvent partout et notamment dans les rivières traversant les villes, véritables égouts à ciel ouvert.

Une particularité bobolaise : des silures (poissons d’eau douce) vivent dans la rivière traversant la ville. Plus petit que les nôtres, ils sont noirs. Les habitants ne les pêchent pas, considérant ces animaux comme sacrés.

Dimanche 16 septembre

Au programme : visite du marché, de la vieille mosquée, de la cathédrale et du vieux Bobo.

Le marché est réparti par secteurs (la viande, le tissu, l’artisanat...), on y trouve de tout. Arpenter ses allées, nous permet d’appréhender le pays sous son aspect socio-économique mais également d’y découvrir un bel artisanat de bois, cuivre et fer. La région de Bobo est connue pour ses plantations de coton et pour son tissu, le cocodialo.

Notre balade nous amene vers la cathédrale. Le bâtiment en terre du XIIe siècle, en cour de rénovation, est actuellement fermé. Nous montons sur le toit d’où nous pouvons admirer la vue sur le minaret.

La journée s’achève dans le vieux Bobo, le village d’origine mais également le quartier le plus pauvre de la ville. Nous y découvrons « le totem », monticule de terre sur lequel se pratiquent des sacrifices (poulet, chèvre, mouton, boeuf…) .Nous assistons également à la fabrication traditionnelle de la bière, à base de grains de mil.

Au retour, Désiré nous arrête dans l’ancien zoo de Bobo, fermé depuis une quinzaine d’année faute de moyens. Lolita, chimpanzé femelle d’une cinquantaine d’année, y reste la seule résidente et est nourrie par d’anciens gardiens ou par quelques visiteurs.

Jour 10

Lundi 17 septembre

Après un week-end de repos, nécessaire, nous voici de retour au travail. Comme nous le redoutions, la salle d’archives n’a pas été nettoyée. Branle-bas de combat et intervention du gouverneur, elle l’est dans la matinée. Nous obtenons également la mise en place d’une serrure sur la porte du local archives et des réparations sur les rayonnages en bois. En effet, le local est équipé pour environ 1/3 de rayonnages métalliques fixes, et pour ses 2/3 de rayonnages en bois, très épais. Dans l’attente d’un éventuel remplacement de ce mobilier par du mobilier métallique, une réparation est nécessaire. Le menuisier va également réaliser deux travées supplémentaires.

Le local vide avant nettoyage

Nous mesurons tout le travail qu’il reste à réaliser en cinq jours. Nous répartissons les participants (nous sommes une vingtaine à ce moment-là) en trois équipes :
• Les étudiants, Anatole, Adèle et Sihem, vont se concentrer sur les archives de la période coloniale (Sovannara est à Ouagadougou pour raison de santé) ;

Archives coloniales 1
Archives coloniales 2

• Les archivistes burkinabés expérimentés classent les archives du Haut-commissariat (1960-2004) déjà répartis en thématiques ;

Archives du Haut commissariat

• Les jeunes archivistes et le personnel du gouvernorat venus à notre aide sur le tri du vrac. Nous reprenons pour cela la répartition par série des archives du Haut-commissariat telle qu’elle a été réalisée la semaine précédente.

Les étudiants au travail

L’accumulation des archives dans la salle fait qu’il est difficile de se déplacer et de travailler correctement. Dès le nettoyage de la salle archives terminé, nous procédons donc au retour du Journal Officiel afin de nous dégager un peu d’espace. Rappelons ici l’importance du JO pour le Burkina, les difficultés récurrentes pour se connecter à Internet rendant toute son importance à l’exemplaire papier, sans compter qu’il s’agit du plus ancien document conservé au gouvernorat, datant de 1898. La collection est relativement complète, commence par le JO de l’Afrique Occidentale Française, puis le JO de la Haute-Volta, avant de devenir le JO de la République du Burkina Faso. Les archives, pour leur part, commencent à 1912.

La pause déjeuner est l’occasion de découvrir les goyaves, une odeur extraordinaire mais assez fade en bouche, et les papayes qui, de par leur texture, ressemblent au melon.

Pause déjeuner
Goyave
Goyave ouverte
Papaye

Jour 11

Mardi 18 septembre

Revenons un peu sur l’aspect « chantier-école » : dès le départ, il n’était pas question pour nous d’assurer des formations théoriques. C’est une mission où l’on apprend en pratiquant ! Mais là encore, il faut dissocier les participants qui sont des archivistes avec une certaine expérience (théorique ou pratique) et ceux qui n’ont que leur bonne volonté (ce qui est déjà l’essentiel !). Dès le départ, Marc est davantage resté avec le premier groupe, Jérôme avec le second. La répartition s’est faite naturellement.
Marc a donc donné des consignes pour réaliser un classement à l’aide de fiches qui permettent ensuite de procéder à des regroupements en vue de la réalisation de l’instrument de recherche. Il travaille avec les collègues burkinabés, chacun traitant sa liasse individuellement.

Avec des novices complets, y compris les trois étudiants de l’université de Koudougou, le travail est forcément moins conceptuel. L’intérêt de commencer par les journaux, les revues et le JO était justement de leur donner quelques bases en termes de conditionnement, de cotation… Ce travail étant terminé, ce groupe travaille sur les fonds sériels. L’idée est également de les faire travailler par groupe de deux ou trois, ce qui est plus motivant, tout en respectant certaines règles (pas de musique dans la salle par exemple). Nous avons aussi deux employés du gouvernorat qui ne peuvent pas classer : heureusement, nous avons aussi besoin de bras pour le reconditionnement (en particulier l’emballage en papier kraft) et pour les transports des documents entre le local archives et notre salle de travail, et ils sont aussi motivés que le reste des participants.
L’ambiance est toujours bonne, la motivation reste intacte (une partie des participants voulaient même venir travailler le week-end !), mais il faut toujours passer d’un groupe à l’autre pour répondre aux questions, orienter sur la rédaction des analyses et éviter les digressions lorsque le lot est terminé. En effet, dans ce cas, l’attrait du smartphone est souvent le plus fort !!!

Plusieurs fois pendant le séjour, Jérôme a aussi assuré une mini formation de 10-15 mn le matin sur un sujet précis : sur le JO et son intérêt pour le public et l’administration, sur la conservation préventive et l’acidité du papier, sur les fonds (qu’est-ce qu’un fond fermé, un fond ouvert), la cotation (cotation par séries, les séries continues, avantages et inconvénients, à la boite ou au dossier…), l’analyse (objet, action, typologie), l’élimination, la communication au public… Dans ce cas, tous les participants sont présents.

Pour revenir au travail de la semaine, le manque de place dans la salle nous pose un réel problème. Il est impossible de continuer à trier et à classer par thématique. Le fonds des archives coloniales est clos, bien entendu, mais relativement peu volumineux (quelques ml). Nous convenons de conserver le classement par séries comme prévu initialement. Par contre, pour les archives du Haut-commissariat, nous décidons de procéder à un classement continu. La série HD sera donc traitée en versements, comme l’équivalent de la série W dans les archives publiques françaises. Ainsi, si le 1 HD concerne les archives des associations, il est tout à fait possible que le 12 HD (par exemple) concerne la même thématique. Il faut noter une particularité du fonctionnement administratif du Burkina concernant les associations : le Haut-commissariat procède à l’enregistrement des déclarations d’associations et délivre une accréditation, équivalent de notre enregistrement délivré par la Préfecture, mais celle-ci doit être renouvelé tous les dix ans et les structures doivent redéposer un dossier complet mis à jour. Le fonds des associations est donc très important.
Nous pouvons donc commencer le conditionnement et la cotation pour les archives du Haut-commissariat.

Jour 12

Mercredi 19 septembre

Marc supervise
Classement

Le classement avance, par séries. Marc décide de passer les trois derniers jours avec les étudiants pour les orienter et les aider au classement des archives coloniales, notre série « C » (non pas comme « coloniale » mais comme « cercle », nom du territoire administratif à l’époque coloniale. Nous classons les archives du « Cercle » de Bobo-Dioulasso).
Parallèlement, nous commençons à rapatrier les archives classées et cotées dans la salle archives, dans l’ordre des « versements » en série HC (1 HC, puis 2 HC…). Nous commençons ainsi, enfin, à voir aboutir notre travail !
Un autre souci se fait jour : le manque de boites. Il n’a pas été possible de récupérer toutes les boites et une grande partie des archives étaient en vrac dans le local. Le gouverneur avait prévu un certain stock, à notre arrivée, mais celui-ci s’épuise. Il semble difficile d’en récupérer d’autres.
Nous tenons beaucoup au principe de l’anonymisation des boites : seule la cote est mentionnée. Lorsque la boite est en bon état et qu’elle n’a été utilisée que sur une face, nous pouvons caviarder les informations écrites et la retourner. Mais ce n’est pas toujours possible.
Nous décidons alors de retourner complètement la boite, comme un gant que l’on mettrait à envers. Il faut l’ouvrir complètement et la remonter dans l’autre sens. L’intérieur, souvent marron clair, se retrouve à l’extérieur et permet d’avoir l’apparence d’une boite neuve. Il s’agit bien entendu de boites de « bureau », le gouvernorat n’ayant pas les moyens de payer des boites de conservation.

Des archives prêtes !
Retour des archives dans le local 2
Retour des archives dans le local 1
Retour des archives dans le local 3
Retour des archives dans le local 4

Certaines séries sont « artificielles » et correspondent à une pratique locale mais pas vraiment archivistique. Ainsi, outre les collections de correspondance et de notes de service, que nous trouvons aussi dans nos services, nous trouvons également des collections de comptes rendus de réunions, totalement séparés de leur fonds de dossier. Nous avons également de très importantes collections de notes ministérielles, bien entendu en copie. En France, nous les éliminons, mais nous préférons les conserver, n’étant pas certains que ni les services producteurs ni les Archives nationales ne les conservent.

Il reste du vrac

Nous trouvons quelques perles, comme des archives sur la construction de la ligne de chemin de fer Ouaga-Bobo entre 1960 et 1963, la construction de l’aérodrome de Bobo, qui existe toujours, en 1965, ou encore des plans cadastraux partiels de la vile de Bobo dans les années 80 (il n’existe aucun cadastre général au Burkina). Mais le tri du vrac n’est pas terminé, il ne nous reste que peu de temps…

La gare de Bobo

La leçon du jour : ne pas hésiter à recourir au système D et à faire preuve d’imagination quand on manque de matériel !!!

Jour 13

Le stress monte, la fin de la mission s’approchant. Les binômes fonctionnent plus ou moins bien : c’est une façon de travailler qui n’est pas dans les habitudes de nos collègues. Parfois, la mayonnaise prend bien, l’un décrit le contenu et recherche les dates extrêmes, l’autre met en forme et rédige. Parfois, un seul sur les deux travaille, d’autres fois encore les deux travaillent de leur côté, sur une partie du fonds. Ce qui n’aboutit pas à un résultat satisfaisant, aucun des deux n’ayant de vision sur l’ensemble de la série. Il faut parfois affiner et reprendre les analyses.

Les trois derniers jours de mission, un nouveau collègue est venu nous aider, l’archiviste de la direction départementale de la sécurité. Chose rare au Burkina, pour ne pas dire exceptionnelle, son Ministère de tutelle dispose d’un tableau de gestion pour ses archives. C’est un archiviste privé qui l’a réalisé. Le collègue nous l’a montré. Il est certainement perfectible mais c’est déjà une bonne base. Malheureusement, le Centre national des Archives ne réalisent pas systématiquement ce travail auprès des Ministères.

Le vrac diminue et les tas réalisés par thématique (urbanisme, association, entreprise, élevage et agriculture, éducation, santé, etc.) se constituent. Aurons-nous terminé demain ?

Petit focus sur la faune : nous n’avons pas croisé beaucoup d’animaux pendant ces deux semaines : des escargots (saison des pluies oblige), des margouillats (de gros lézards), un mille-pattes de belle taille, et des chenilles comestibles (mais nous y reviendrons)…

Finalement, pas beaucoup de bébêtes dans les archives, à part quelques araignées et des poissons d’argents.

J.B

Jour 14

Vendredi 21 septembre

Nous voici le dernier jour de la mission !!!
C’est le branle-bas pour la dernière ligne droite. Il ne s’agit plus de faire dans la dentelle et encore moins dans l’analyse pièce à pièce ! Nous rappelons donc les consignes : rapidité, efficacité !

Nous rencontrons encore des soucis dans l’analyse avec certains stagiaires alors que nous pensions que le principe avait été compris, ou dans le classement de certains documents dans telle ou telle thématique. Mais la formation, c’est souvent la répétition.

Chacun s’attribue un petit morceau de ce qui reste à traiter. En fin de matinée, nous avons la bonne surprise de voir arriver quelques dizaines de boites d’archives neuves, données par le Haut-Commissariat, alors que le tri du vrac (sa répartition) est terminé.

Analyse, rédaction, conditionnement, cotation, transport dans le local archives… La journée passe à un rythme effréné. A 16h15-16h30, heure où nous arrêtons habituellement, nous sommes loin d’avoir terminé. En plus, un orage violent comme seule la saison des pluies en réserve interrompt nos transports d’archives vers le local de conservation.

Finalement, nous cotons les dernières boites à 18h30, soulagés et un peu incrédules d’être arrivé au bout de la mission. Certes, dans l’urgence il a fallu faire des concessions, comme de laisser en HC quelques documents de la période coloniale. Mais tout est indexé, il ne reste qu’un travail de reprise des notes manuscrites et de saisie que Marc réalisera à son retour en France.

Au final, nous aurons traité quelques 300 ml de documents. La série C comporte 188 cotes, la série HC comporte 53 sous-séries et 864 cotes, le JO est rangé chronologiquement en 202 liasses et les périodiques comportent 92 titres différents (dont seulement 4 sont actifs).

Par manque de temps, nous n’avons pas réalisé de bordereau d’élimination de ce que nous avons détruit. Il aurait également fallu, pour être optimal, travailler avec les différents services du gouvernorat pour créer un tableau de gestion exhaustif. Et il reste à classer toutes les archives du Gouvernorat (2004 à nos jours), celles qui sont dans le local archives mais surtout celles qui se trouvent encore dans les services. Peut-être l’occasion d’une prochaine mission ?

Par le tri, le classement et la conservation des journaux et périodiques dans une autre salle, la moitié de la salle d’archives est libre. De quoi accueillir quelques années de versements.

Nous terminons par un mot d’adieu et de remerciements pour les participants, et par la remise d’attestation de stages, co-signées par le Gouverneur et par Marc en tant que chef de mission, qui s’apparente en tous points à une remise de diplômes.
Merci à tous les collègues de Bobo !!!

J.B

Jours 15 et 16

Samedi 22 et dimanche 23 septembre

Nous voilà de retour à Ouagadougou, après 5h30 de route et quelques centaines de dos d’ânes… Nous allons directement chez Marc, qui a une maison à Ouagadougou, où nous retrouvons avec plaisir Sovannara.

Repos l’après-midi, quelques achats de souvenirs. Le soir, Antoine Atiou, le gouverneur de Bobo, en déplacement à Ouagadougou, vient dîner avec nous. L’occasion de le remercier une fois de plus car nous avons pu travailler dans des conditions tout à fait exceptionnelles grâce à lui.
Le lendemain, repos avant de reprendre l’avion. Plusieurs amis de Marc viennent le saluer. Nous avons aussi l’occasion de rencontrer et d’échanger avec Albert Ouedraogo, archiviste d’Etat au ministère de l’économie. Il prépare une thèse sur la conservation des archives dans les pays d’Afrique subtropicale, à l’université de Lomé au Togo. Il y a quelques années, il est venu faire un stage aux Archives municipales de Marseille.

Que retenir de cette mission ? La liste serait trop longue, mais il est possible de relater quelques anecdotes :

  • Le premier jour, nous avons aménagé la salle de travail. Malheureusement, par manque de tables, il a aussi fallu s’installer par terre. Un collègue est venu voir Jérôme et lui a demandé pourquoi il travaillait ainsi. Surpris, celui-ci lui a demandé ce qu’il aurait fait. Le collègue a indiqué qu’il aurait attendu qu’une place se libère sur la table. C’est vrai, l’appréhension du temps ici est différente. Heureusement, tous ont bien compris que nous n’avions de deux semaines devant nous et ils se sont adaptés à notre rythme, comme nous nous sommes adaptés sur d’autres points.
  • En terminant à 16h30, le temps de prendre une douche, et le soleil se couchant à 18h30, il n’était pas question de faire du tourisme la semaine. Les anecdotes que nous avons concernent donc plutôt les repas. Ainsi, nous avons été invités avec le gouverneur chez un restaurateur de Bobo qui a appris son métier avec un français de Carcassonne. Ravi de rencontrer quelqu’un venant de la même région que son mentor (Marc), il avait préparé… un cassoulet ! Scène surréaliste que de manger ce plat au Burkina. Et ne demandez pas de poivre, le restaurateur n’en avait pas et nous a proposé… du cumin. Mais le cassoulet n’était que le premier plat de résistance d’un repas qui aura comporté en tout apéritif, six plats et un dessert, sans compter le riz et les légumes en accompagnement, avec obligation de prendre un peu de tout pour lui faire honneur. Nous sommes sortis avec difficulté de ce repas gargantuesque, d’autant qu’il a fallu remettre ça la seconde semaine, le restaurateur étant ravi de nous recevoir avec le gouverneur.
  • Autre anecdote culinaire, celle des chenilles. Il s’agit du plat typique de Bobo. La chenille de l’arbre de Karité est séchée. Elle peut se manger ainsi (un goût de bois et de fumée) mais elle est surtout préparée en plat. Réhydratée une heure dans l’eau, elle est ensuite cuisinée dans une sauce à base de tomates et d’oignons. C’est un plat hyper protéiné. Il ne se prépare que dans les familles, on ne le trouve donc pas à la carte des restaurants. Jérôme tenant à y goûter, il lui a donc fallu passer une commande spéciale. Au final : ce n’est pas mauvais mais une assiette, c’est bien assez !

Enfin, ce dernier billet pour faire part de toute la richesse d’une telle expérience, tant au niveau personnel que professionnel. Nous représentons l’archivistique française et son savoir-faire, largement reconnu. Et pourtant, nous devons adapter, sur certains terrains et dans certains contextes, nos pratiques professionnelles. Bien que d’un niveau très hétérogène, tous les participants au chantier ont été attentifs et motivés. Nous nous sommes enrichis à leur contact autant qu’eux, l’espère-t-on, se sont enrichi au nôtre. Nous aurions bien entendu aimé avoir plus de temps pour découvrir le pays, et nous ne sommes jamais à l’abri de soucis de santé. Toutefois, tout ce que nous en retirons compense largement toutes les péripéties et c’est une expérience que nous recommandons vivement à tous les collègues.

J.B



 

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