Sésame, ouvre-toi !

Jour 4 : Mardi 8 mars 2022

Le grand jour est arrivé... Je vais enfin entrer dans une salle d’archives !
Le local des archives « intermédiaires »
La grande salle d’archives
2022-03-18T20:12:41Z

A l’heure dite, Sacé Bodian me fait entrer dans son bureau, un petit box aux parois translucides, et ferme la porte pour plus de tranquillité. Le service des « casiers judiciaires » est en effet une vraie fourmilière, avec des entrées et sorties incessantes.

Je sais que son temps est compté. Nous entrons donc directement dans le vif du sujet. La veille, je lui avais déjà expliqué le but de ma visite.

Il tient d’abord à contextualiser les Archives au sein du Palais de Justice comme faisant partie d’un grand ensemble, celui de la Chambre du statut personnel, en charge des affaires liées aux divorces, successions... et adoptions.

Des piles et des boites

A côté de son petit bureau, il garde les archives des 10-12 dernières années, les plus demandées. Dans une autre partie du Palais de Justice, une grande salle accueille les archives jusqu’aux années 1950. Les archives plus anciennes ont été versées et sont conservées au Centre National des Archives Judiciaires de Louga.

Sacé Bodian me précise que ses propos ne concerneront que le tribunal de Dakar et qu’il ne peut m’assurer que la situation soit identique dans les autres tribunaux. Néanmoins, il pense que l’état général des archives judiciaires au Sénégal est critique.

Au tribunal de Dakar, il est le seul archiviste. Boubacar Ba El Hadji, surnommé « papa », vient chaque jour le seconder bénévolement. Interpellés sur de nombreuses autres tâches, il ne leur reste malheureusement que très peu de temps pour s’occuper de l’archivage des dossiers, préparés dans les services « Greffes-Courriers », et ils ne disposent que de très faibles moyens matériels. Je ne constate effectivement la présence dans le bureau d’aucun équipement spécifique... ni même d’un ordinateur.

Visite guidée
avec l’assistant-archiviste, El Hadji Boubacar Ba dit « papa »

Puis, sur un jeu de questions-réponses, nous abordons la partie plus archivistique, liée à la gestion, au classement et à la conservation des documents.
L’ensemble des affaires jugées au tribunal de Dakar est classé par année, numéro d’ordre et date d’audience. L’ensemble de ces informations, constituant une cote, est repris manuscritement, avec le nom des parties, dans de grands registres, sans mention spécifique sur la matière du jugement. Ainsi les archives de l’adoption, qu’elle soit simple ou plénière, sont mélangées dans le fonds de ce grand ensemble du statut personnel.

Le travail devient donc très vite fastidieux quand il est nécessaire de faire une recherche, d’autant plus que, pour les archives de l’adoption, les fonds de dossier sont classés séparément des jugements.

Au cours de la conversation, il est mis en évidence qu’un dossier serait en fait conservé en deux endroits, au tribunal et à la DESPS. Chaque exemplaire du dossier serait donc incomplet, mais détiendrait tout autant des pièces originales ainsi qu’une multitude de copies. La volonté de la DESPS de dématérialiser les circuits de circulation/validation des dossiers durant l’instruction prend ici tout son sens, mais pose de nombreuses autres problématiques, ne serait-ce que matérielles...

Sacé Bodian, de son point de vue d’archiviste, voit tout l’intérêt d’une centralisation des archives de l’AI à la DESPS, afin d’assurer une véritable complétude des dossiers et de leur offrir de meilleures conditions de conservation.

Il demande à « papa » de m’emmener dans la grande salle d’archives, pour que je puisse concrètement me rendre compte de la situation.

Rayonnages métalliques

Le travail à mener est titanesque à plus d’un titre. Il sera nécessaire :

  • d’identifier les archives de l’adoption internationale dans le fonds judiciaire ;
  • d’effectuer cette sélection dans l’ensemble des tribunaux du Sénégal et de les transférer sur Dakar ;
  • de mener ce travail malgré l’absence d’archiviste dans certains tribunaux ;
  • de renforcer la communication entre les archivistes des différents organismes (tribunaux, DESPS, greffes...).

En quelques mots, Sacé Bodian me glisse ses nombreux espoirs dans cette prochaine collaboration, ce projet autour des archives de l’AI venant compenser le peu d’investissement de l’État dans son patrimoine archivistique.

Au-delà du traitement archivistique, il se projette dans la constitution d’un véritable réseau d’archivistes des tribunaux et souhaite qu’ASF-France soit le moteur d’une rencontre efficace, sans « blabla ».



 

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