Comme nous allons rester les jours suivants dans la capitale, nous décidons de nous en éloigner (direction le sud, à environ 70 km). Nous avons prévu une journée culturelle. La visite de trois sites est au programme : Melka Kunture, Adadi Mariam et Tiya.
Melka Kunture est un site paléolithique où affleurent des ossements d’animaux (hippopotames, gazelles, antilopes, etc.) et des outils. Découvert en 1963, il comprend aussi des sépultures (homo erectus). Malgré l’annonce de sa réouverture, le site était encore fermé pour rénovation. Un responsable administratif a tout de même proposé de nous montrer les vestiges. Nous n’avons en revanche pas pu accéder au musée qui semblait d’un réel intérêt.
Adadi Mariam est une église orthodoxe creusée dans la roche aux alentours du XIIe s. Elle est consacrée à la vierge (Mariam) blanche (adadi). Les symboles y sont omniprésents : 10 portes (10 commandements), 24 fenêtres (vieillards de l’apocalypse), la Sainte Trinité, etc. Malgré son caractère exigu et son ancienneté, l’église accueille encore une communauté religieuse active. A travers quelques gestes et notes de musiques (en l’occurrence, de cannes, de tambours et de clochettes), notre guide, un diacre, parvient à nous faire ressentir l’ambiance du lieu.
Tiya est un site de stèles funéraires inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. L’histoire du lieu reste largement méconnue. Les datations indiquent une construction entre le XIIe et le XIVe s. Les stèles de 2 à 5 m de hauteur ont pour certaines été redressées, contribuant à rendre une certaine majesté à un site qui pourrait au premier abord paraître banal. De fait, les trois principaux groupes de stèles sont peu étendus et se fondent dans le paysage. Il se dégage néanmoins quelque chose que l’on ne saurait nommer de ce lieu aux pierres gravées de manière si caractéristique et mystérieuse : on croit distinguer ici des épées, la guide locale voit là des faux bananiers, des traits féminins pourraient se dégager d’une autre stèle. Ce ne sont que des suppositions : tout ceci est pour le moins intriguant.
Le trajet est également l’occasion de découvrir les paysages et les traditions du peuple Oromo. Nous longeons les champs de tef (la céréale servant à la préparation des galettes d’injera), apercevons les buttes caractéristiques de paille de tef (sert à nourrir les animaux), découvrons une petite plantation d’ensete, aussi appelés faux bananiers (dont la pulpe fermentée des feuilles sert à la préparation d’un autre type de galette), traversons un marché aux couleurs chamarrées, dégustons un café dans une cabane emplie d’effluves d’encens.
Les animaux domestiques attirent aussi notre attention. Ânes et poneys sont largement utilisés pour leur force de travail. Nous croisons ainsi de nombreuses charrettes à ânes ou poneys ou encore des ânes porteurs de jerricans d’eau (dont certains déambulent seuls sur les routes). Le plus étonnant reste probablement la manière dont les poneys sont nourris : leur tête est entièrement plongée dans un sac de nourriture (le sac étant parfois noué à leurs oreilles).
A quelques dizaines de kilomètres seulement de la capitale, nous avons découvert une autre facette de l’Éthiopie.