J-1 : Lundi 7 novembre 2022

« Bonne arrivée » à Abidjan !

Après un dimanche de repos à profiter du charme de la maison d’hôtes, il est temps d’entamer la mission auprès de l’Autorité Centrale pour l’Adoption en Côte d’Ivoire (ACACI).

Le rendez-vous est donné à 9 heures, ce lundi matin, pour rencontrer nos interlocuteurs ivoiriens de l’ACACI. Je suis reçue dans le bureau de Monsieur LATH Mel Alain Didier, secrétaire exécutif et directeur de la structure, accompagné par Monsieur KAMATÉ Mohamed, sous-directeur de la documentation et des archives.

Après les traditionnels échanges de nouvelles, nous nous engageons dans une discussion autour de la question de l’adoption. Mes interlocuteurs me présentent la structure qu’est l’ACACI (organisation interne, missions) ainsi que le processus d’adoption en Côte d’Ivoire, à la fois pour les nationaux et pour les internationaux.

L’ACACI à Abidjan
L’entrée

Très rapidement, la conversation se concentre sur la question des archives et des dossiers d’adoption. La gestion de ces derniers est double :

  • la partie administrative est dévolue à l’ACACI ;
  • la partie judiciaire aux tribunaux.

Messieurs LATH et KAMATÉ m’orientent très rapidement sur les nombreuses difficultés qu’ils rencontrent dans la gestion, la conservation, la recherche d’informations et la communication de ces dossiers au quotidien. Ils me présentent le circuit suivi dans la constitution d’un dossier, les pièces conservées dans les dossiers ainsi que les outils à leur disposition pour assurer le suivi des informations.

Visite des locaux et espaces de conservation

Je suis ensuite invitée à les suivre pour un tour rapide des locaux et des équipes présentes. Cette visite me permet de découvrir les lieux de stockage des dossiers d’adoption à l’ACACI et le mode de classement retenu. J’apprends que l’ACACI ne conserve dans ses murs que les dossiers pour la période 2015-2022 et que les dossiers antérieurs sont conservés à la Direction de la Protection de l’Enfance pour des questions de place. C’est cette direction qui avait en charge la question de l’adoption en Côte d’Ivoire, avant la création de l’ACACI en 2020.

Cette balade interne est aussi l’occasion d’envisager la question de l’aménagement possible de futures pièces dédiées aux archives au sein de l’ACACI et du rapatriement, à terme, des archives en provenance de la Direction de la Protection de l’Enfance.

Une 1e journée bien riche

Cette matinée a été extrêmement riche d’informations à « digérer » et à organiser pour permettre de prévoir les prochains rendez-vous et tâcher d’entrer plus en profondeur dans certains aspects de la procédure, pour mieux comprendre leur impact sur les archives. Un après-midi studieux dans un bureau gentiment réservé et climatisé clôture cette première journée.

L’antre de l’archiviste
Simple mais efficace !
J-2 : mardi 08 novembre 2022

Des personnes et des archives

À la rencontre des personnes en charge de l’examen et du traitement des dossiers d’adoption.

Après avoir longuement échangé avec Messieurs Lath et Kamaté hier, j’ai souhaité consacrer cette journée à l’équipe dont le travail quotidien est de réceptionner les dossiers des demandeurs, de les examiner et de les traiter de manière à ce qu’ils puissent suivre leur circuit officiel.

Une équipe 100 % féminine

Le processus d’adoption est complexe à comprendre : il fait intervenir de nombreux acteurs, qui produisent tous de la documentation sur un laps de temps relativement long.

Le but de cette réunion était donc d’entrer en profondeur dans le travail journalier de ces agents et de pouvoir comprendre clairement le processus d’adoption, ses acteurs et toutes les questions relatives aux dossiers papier :

  • création,
  • circuit,
  • alimentation en pièces,
  • conservation,
  • communication.

L’utilisation et l’impact de l’électronique étaient aussi des points que je souhaitais évoquer avec mes interlocutrices. J’ai donc sollicité la chaleureuse équipe de la direction des enquêtes, investigations et archivage pour répondre à toutes ces interrogations.

Après une présentation du personnel exclusivement féminin de cette direction et de leurs missions, nous avons pu échanger sur tous ces thèmes. Leurs connaissances précises m’ont permis de répondre à la majorité de mes questionnements et de mieux cerner les enjeux et les problématiques autour des archives au sein de l’ACACI.

À vos plus beaux sourires, Mesdames !
Une partie de l’équipe de la direction des enquêtes, investigations et de l’archivage composée de Mesdames Yapo, Kablan, Kobena, Koffi, Adou et Yapi.

Des espaces de conservation limités mais atypiques !

Les dossiers d’adoption de 2014 à 2022 sont actuellement conservés dans les locaux de l’ACACI.

Ils n’occupent finalement que peu d’espaces : une armoire en bois dans le bureau de l’équipe rencontrée et un meuble en bois dans une pièce attenante, pour le moins surprenante.

L’eau et les archives ne font pourtant pas bon ménage !
Les dossiers d’adoption internationale sont conservés dans ce meuble.

Les dossiers sont classés par années sur les étagères, mais empilés ensuite au fur et à mesure de leur traitement. Ils sont régulièrement alimentés par de nouvelles pièces en fonction du déroulé de la procédure d’adoption.

Les dossiers des familles adoptantes et des enfants apparentés ne sont pas réunis et sont conservés dans des espaces différents.

En l’état, la recherche des dossiers pour le travail quotidien est donc très chronophage.

Espace de conservation des dossiers d’adoption nationale.
Ne pas toujours se fier aux apparences !
Les dossiers d’adoption internationale sont conservés dans ce meuble.

En parallèle, l’ACACI tient plusieurs bases de données récapitulatives, en fonction du type d’adoption. Ces bases de données constituent l’un des axes majeurs de l’intervention d’ASF-France.

En effet, elles posent le problème des liens entre les informations, de la structure même et du format utilisé, ainsi que de leur sauvegarde, qui n’est actuellement pas assurée.

Une numérisation des dossiers papier antérieurs à l’année en cours est actuellement engagée par Monsieur Kamaté, qui en assure le stockage sur son propre poste, sans autre sauvegarde.

Cette question de la conservation des données électroniques est décidément elle aussi bien internationale !

J-3 : Mercredi 9 novembre 2022

C’est l’aventure !

Une matinée consacrée à la visite du local archives de la Direction de la Protection de l’Enfant.

Un inoubliable trajet

Ce matin, j’avais rendez-vous à la Direction de la Protection de l’Enfant pour découvrir les dossiers d’adoption antérieurs à 2014, toujours stockés dans ses locaux. La question de l’adoption n’est plus une compétence de cette direction depuis la création de l’ACACI en 2020. Toutefois, pour des raisons d’identification, de transport et d’espace de conservation, l’ACACI a laissé sur place un certain nombre de dossiers d’adoption.

Messieurs Kamaté et Chiapo, en charge de la gestion du matériel et de l’exécution budgétaire à l’ACACI, m’ont accompagné sur ce trajet. Après de longues minutes à trouver un taxi qui accepte de nous emmener, nous avons dû faire face aux embouteillages de la ville. Ce trajet a été l’occasion de vivre pleinement l’expérience du transport à Abidjan et de découvrir des quartiers de la ville encore inconnus.

Arrivés à destination, nous avons été présentés à Madame Diaby, directrice de la structure, et à Madame Traoré, sous-directrice en charge de la promotion et des droits, afin de leur présenter le projet et d’avoir accès au local archives.

Découverte de la Direction de la Protection de l’Enfant
Panneau d’accueil

Un local inaccessible

Madame Diaby nous a conduits au local, situé à côté de son bureau. À l’ouverture de la porte, une forte odeur s’en est dégagée, signe de mauvaises conditions de conservation... et laissant craindre les dégradations qu’ont pu subir les dossiers.

Malheureusement, il n’a pas été possible d’accéder véritablement au local, à cause de l’encombrement de ce dernier. Le personnel m’a expliqué qu’au fur et à mesure des années de nombreuses archives issues de plusieurs services et ministères ont été entreposées dans cette pièce. Puis, le local a fini par être utilisé comme pièce de stockage pour tout ce qui n’avait pas d’utilité immédiate (cartons, fournitures, emballages).
En retirant quelques éléments, j’ai pu me glisser à l’entrée et constater le mélange effectif des archives. J’ai pu repérer quelques dossiers d’adoption difficilement consultables à cause des étagères effondrées sous le poids des boîtes et dossiers.

Après ces constats et quelques prises de photographies, nous avons pris un taxi retour pour l’ACACI.

Noël avant l’heure !
Local archives où sont toujours stockés des dossiers d’adoption

L’après-midi a été l’occasion de reprendre tous les éléments récoltés au cours de ce déplacement, puis d’organiser une petite séance de travail avec Messieurs Lath et Kamaté, pour développer certains points et m’apporter des clarifications autour du sujet de l’adoption.

Cette conversation passionnante m’a permis de découvrir encore davantage les missions du quotidien et les difficultés auxquelles les équipes sont confrontées, à travers des témoignages directs. Elle illustre l’investissement permanent des agents de l’ACACI au service des enfants.

J-4 : Jeudi 10 novembre 2022

Une virée au marché artisanal !

Une pause « méridienne » sur les archives de l’adoption pour profiter de la ville d’Abidjan et de ses différents quartiers.

Une longue traversée !

Ce matin, il était convenu que je parte faire un peu de tourisme à la découverte de la ville et d’un de ses marchés artisanaux, pour y faire quelques emplettes. Mon chauffeur du jour, Monsieur Hamed Touré, m’a récupéré à l’ACACI en milieu de matinée pour me conduire au lieu convenu. Nous nous sommes donc engagés sur la route et sommes restés coincés presque deux heures dans les embouteillages…

La météo n’était pas de notre côté non plus, puisque nous avons eu de la pluie sur la grande majorité de la route. Les conséquences des changements climatiques en cours sont, ici aussi, bien perceptibles, puisque le mois de novembre correspond normalement à la saison sèche.

Prendre son mal en patience !
Les embouteillages permanents d’Abidjan

Un lieu haut en couleurs !

Le marché artisanal appelé centre artisanal de la ville d’Abidjan (CAVA), commune de Marcory, est plutôt facile d’accès. Pourtant, il est peu connu, même des locaux, et mal indiqué. Après plusieurs arrêts pour demander notre chemin, nous avons pu nous garer et pénétrer dans un endroit plein de charme.

De nombreux artisans vous font découvrir des objets de toutes sortes, typiques de la culture africaine. Les stands sont variés et offrent la possibilité de ramener de beaux souvenirs : objets en bois et os, peintures, tissus, bijoux… Il est impératif de négocier les tarifs annoncés : en effet, ces derniers sont très élevés. Le jeu est obligatoire mais se fait toujours avec le sourire.

Attention les pieds !
Flânerie dans le marché artisanal
A chacun son bonheur !
Une multitude d’objets à découvrir

Après quelques achats, nous avons pris le temps de savourer un jus avant de reprendre la route et de revenir à l’ACACI pour se remettre au travail.

Une belle journée de découvertes, comme on les aime, avant d’entamer le dernier jour de la semaine, synonyme de fin de mission 2022.

J-5 : Vendredi 11 novembre 2022

À suivre...

Il est déjà temps de penser au chemin du retour et de dire au revoir à l’équipe de l’ACACI lors de cette dernière journée.

Allier l’utile à l’agréable !

Ce vendredi constituait la toute dernière journée de cette mission exploratoire à l’ACACI. Elle s’est déroulée à un rythme moins soutenu, puisqu’il s’agissait surtout de conclure le travail entamé et d’en dresser un bilan, en vue de la (ou des) future(s) mission(s).

Monsieur Lath m’a invitée à déjeuner dans le restaurant d’une amie, afin de pouvoir échanger sur cette semaine de travail, tout en profitant d’un bon repas ivoirien.

Bon appétit !
Quelques spécialités culinaires.

Il est temps de se dire au revoir !

Le chemin du retour a été l’occasion d’aborder, avec Monsieur Lath, de nombreux sujets, d’ordre général, sur la Côte d’Ivoire. Il m’a permis d’en apprendre encore davantage sur ce pays que je découvre depuis quelques jours seulement.

Le temps est venu ensuite de saluer l’équipe et d’échanger quelques mots avec chacun, en espérant pouvoir les retrouver l’année prochaine. Retour en France prévu dans la nuit de samedi à dimanche ! Quelques jours de repos seront bienvenus avant de reprendre le travail dans le Cher.

Les semaines qui arrivent seront consacrées à l’analyse de cette mission et aux échanges avec les collègues d’ASF-France, afin de permettre d’envisager la mission 2023 et de proposer à nos collègues ivoiriens les meilleures solutions possibles pour garantir la conservation et l’archivage sécurisé de leurs dossiers d’adoption.

À l’année prochaine !
Drapeau officiel de la Côte d’Ivoire

Portraits

Mel Alain Didier LATH

Secrétaire exécutif (fonction de directeur) de l’ACACI depuis 2020, il a exercé antérieurement les fonctions :

  • de Directeur de la Protection de l’Enfant de 2016 à 2021 ;
  • de Directeur des Pupilles de l’État et de la Nation ;
  • de Directeur coordonnateur des programmes des cellules et organes consultatifs ;
  • d’Inspecteur technique à l’Inspection Générale ;
  • de Sous-directeur du programme « Genres » ;
  • et a enseigné à l’orphelinat de filles de Grand-Bassam.

En tout, il cumule 19 années au service du Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant.

Ses missions en tant que directeur de l’ACACI sont les suivantes :
 mise en œuvre de la politique d’adoption en Côte d’Ivoire (transparence, gouvernance, éthique et probité),
 coopération internationale en matière d’adoption (autorités centrales autres pays, organismes agréés)
 mise en œuvre du suivi, de l’information, du contrôle et de l’évaluation.

De gauche à droite :
Monsieur Mohamed Kamaté et Monsieur Mel Alain Didier Lath

Mohamed KAMATE

Il a réalisé des études pour être ingénieur informaticien, spécialiste en gestion réseaux et télécom. À son compte comme informaticien pendant plusieurs années, il a saisi l’opportunité d’entrer dans la fonction publique, en 2020, comme agent au sein du Ministère de la Promotion de la Jeunesse. Il est resté sur ce poste un an, avant d’intégrer l’ACACI et la sous-direction des archives et de la documentation en novembre 2021.

Ses missions sont les suivantes :
 constituer, gérer et sauvegarder (physiquement et électroniquement) le patrimoine archivistique et documentaire de l’ACACI : dossiers d’adoption, courriers, rapports etc. ;
 gérer la numérisation des dossiers d’adoption antérieurs à 2022 ;
 assurer les réponses aux problématiques liées à l’informatique de manière générale au sein de l’ACACI ;
 accompagner le personnel et les usagers dans leurs démarches de recherche d’information.



 

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