Un film éthiopien sur les écrans cette semaine

Teza (La rosée). Anherber revient dans son village natal d’Ethiopie. Cet homme est désillusionné, l’univers de son enfance lui semble étranger et, en cette fin des années 80, la junte communiste recrute brutalement ses troupes parmi les jeunes.

Genre : Drame
De Haïlé Gerima, Haile Gerima
Avec Aaron Arefe, Abeye Tedla, Araba evelyn Johnston-arthur, Nebiyu Baye, Takelech Beyene, Teje Tesfahun, Wuhib Bayu, Veronika Avraham
Nationalité : Franco-germano-éthiopien
Durée : 2h20min
Année de production : 2008

Retrouvez un extrait du film et un entretien avec le réalisateur sur Dailymotion.

Les participants

Ceux qui partent…

Cécile Lombard (Levy). Membre de la mission d’ASF en Ethiopie en novembre 2007 pour sauver les Archives de la Compagnie de Chemin de Fer. Record manager / responsable des Archives de l’AFSSAPS (Agence Française de sécurité sanitaire des Produits de Santé) depuis mars 2008. Elle pilote les procédures de versement, de communication et de traitement des documents produits ou reçus à l’Agence sous format papier et électronique. Elle développe les outils afin d’assurer la maîtrise du cycle de vie des documents, conseille et forme les utilisateurs. Enfin, elle participe activement à la dématérialisation et l’archivage des soumissions électroniques des dossiers d’AMM. Entre 2004 et 2008, consultant en ingénierie documentaire chez Locarchives. De 2001 à 2004, responsable du centre annexe des Archives de Paris. DESS Histoire et Métiers des Archives de l’Université d’Angers en 2001 DEA Histoire contemporaine de l’Université Paris IV Sorbonne en 2000. Membre du bureau de la Section des Archives Economiques et d’Entreprises de l’Association des archivistes Français (AAF) ainsi que membre de la Commission Archivage Electronique de l’AAF.

Laurent Ducol, Directeur des Achats Ernst & Young, en charge de la gestion des prestataires Archives au sein de ce Cabinet depuis septembre 2009. Entre 2006 et 2009, il est responsable du Service archives Ernst & Young, avec pour mission de structurer, rationaliser dans le cadre d’une démarche qualité (procédure, marketing, indicateurs et évolution continue), les différentes entités archives à l’issues du rapprochement des Cabinet Ernst & Young et Arthur Andersen. Après un service national comme chef de projet à la Direction des Archives nationales des Comores (1995 – 1996), il entre au Ministère des Finances et anime un projet de retraitement des fonds en vue de la préparation d’une base de données d’archives historiques. De 1999 à 2002, archiviste et administrateur de la SGGP (Public) en charge de la constitution, du suivi du reporting et de la documentation de dossiers de créances de l’Etat (450 M€). Record manager et responsable du Centre d’Archives intermédiaires de la Ratp (2002 – 2005). Titulaire d’un DEA d’histoire sur le commerce des soies et la présence française au Liban (1860 – 1920) et d’un DESS des Techniques d’Archives et de Documentation (Mulhouse 1995). Laurent Ducol est depuis le 18 mars 2010, Président de la Section des Archives Economiques et d’Entreprises.

Thierry Guilpin, chargé d’études documentaires à la section des archives privées des Archives nationales depuis novembre 2009. Il était précédemment l’adjoint du chef de la mission des archives du ministère de la Culture, plus particulièrement chargé de la collecte des archives des services de l’administration générale et des musées. Titulaire du DESS d’archivistique d’Angers, il a déjà effectué une mission d’archivage en Afrique (Libreville au Gabon) dans le cadre d’une coopération du service national. Il a également été responsable du fonds patrimonial de la médiathèque d’Evreux.

Christophe Vigneron, bibliothécaire à la médiathèque Emile Zola de Montpellier (depuis 2008). Il a travaillé 10 ans en services d’archives (archives départementales et centres de gestion), en archives modernes et surtout contemporaines.
Christophe a déjà effectué quelques missions à l’étranger : en Australie aux archives fédérales de Nouvelle-Galles-du-Sud (Sydney), au Maroc à l’Office d’irrigation de la région agricole du Haouz de Marrakech (en coopération décentralisée), et une première fois en Ethiopie en 2007 avec Cécile Lombard.

… et celui qui reste

Grégoire Champenois. Responsable du service Classothèque & Archivage au sein de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (Hauts-de-Seine). Titulaire du concours d’ attaché de conservation du patrimoine (2010) et du Master métiers des archives, culture à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (2004/2005). Entre 2007 et 2009, archiviste aux Archives nationales de la mémoire (Argentine) : mise en place et encadrement d’un groupe d’archivistes, classements de deux fonds, élaboration des magasins d’archives.
Il a déjà tenu un blog en tant que Flying Reporter (Conseil International des Archives) pour le VIIIe Congrès Archivistique du Mercosur à Montevideo en novembre 2009 (http://flyingreporters.ica.org/mont...).
2004/2005 : Master métiers des archives, culture à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Historique du projet

Lors d’une mission de coopération en matière archivistique en novembre 2005, les deux archivistes français qui assuraient la formation de leurs collègues éthiopiens, avaient été alertés sur la situation dans laquelle se trouvaient les fonds de la compagnie de chemin de fer djiboutoéthiopienne. Ils avaient pu à cette occasion visiter une partie des locaux de la compagnie dans lesquels sont conservés ces archives :
 les bureaux de la compagnie, situés dans un bâtiment jouxtant immédiatement la gare d’Addis Abeba dans lesquels sont principalement conservés les dossiers de gestion du personnel dans des conditions relativement saines et satisfaisantes ;
 un garage proche de l’ancienne résidence du directeur général, située à 500 m à l’ouest de la gare dont les conditions de conservation étaient loin d’être satisfaisantes (humidité, présence de rongeurs et de termites). Les dossiers dont certains remontent à l’arrivée du train à Addis Abeba en 1917 sont entreposés en vrac à même le sol ou sur veilles étagères. Le volume était très difficile à évaluer.
Les documents sont rédigés en français avant 1959, puis l’amharique apparaît sur les documents. Les deux langues sont encore aujourd’hui utilisées simultanément.

Les services de la compagnie étant partagés, depuis le traité de 1981, entre Addis Abeba (direction générale, direction du personnel et direction des affaires financières) et Djibouti (direction technique et direction commerciale), et Dire Dawa constituant la principale escale technique, il parut plus que probable que la capitale éthiopienne ne fût pas l’unique lieu de conservation de ses archives. La gare d’Addis Abeba et les bureaux de la compagnie sont situés au coeur de la ville, sur un des axes principaux reliant le Nord au Sud de l’agglomération. Etant donné l’enjeu que constitue pour la ville d’Addis Abeba l’emprise foncière de la Compagnie du chemin de fer, il est primordial de s’assurer que les archives ne soient pas détruites. Un projet de sauvetage de ce patrimoine francophone en danger fut donc soumis à la section française de l’association Archivistes sans frontières. Grâce au soutien et au financement de l’ambassade de France en Ethiopie, une mission d’audit, constituée de deux membres d’Archivistes sans Frontières, a été envoyée en Ethiopie en août 2006, avant la mise en concession de la compagnie au 1er septembre.

Source : Compte-rendu août 2006

La Compagnie de chemin de fer djibouto-éthiopienne

Le 11 février 1893, Alfred Ilg, ingénieur suisse, obtient de l’empereur d’Abyssinie Ménélik II la concession de la construction de tous les chemins de fer dans ce pays. Le 9 mars 1894, il fonde la Compagnie Impériale d’Éthiopie pour la construction d’un chemin de fer Djibouti-Harar Addis-Nil Blanc. Le 7 août 1896, elle devient la Compagnie Impériale des Chemins de fer Éthiopiens. Malgré de médiocres moyens financiers, les travaux débutent en octobre 1897 avec les entrepreneurs Duparchy et Vigouroux. Les difficultés financières s’ajoutent aux difficultés naturelles. La ligne s’arrête à Dire Dawa (km 309, 1206 m d’altitude), le 24 décembre 1902, Harar étant jugé impossible à atteindre à cause de l’escarpement, et compte tenu des moyens qui restent à la compagnie. En mai 1904, s’engagent à Londres des négociations anglo-francoitaliennes. Elles aboutissent à la signature, le 6 juillet 1906, de « I’Accord Tripartite » : le statu quo politique et territorial de l’Éthiopie est maintenu, un accord pour qu’une compagnie française continue la ligne jusqu’à Addis-Abeba était signé, mais la France renonce à toute extension vers le Nil. Cet accord permet la poursuite de la construction de la ligne. La C. I. E. dépose son bilan le 6 juin 1907. Le gouvernement met tout en oeuvre pour qu’une société française prenne la succession. Le 15 mai 1909, naît la Compagnie du Chemin de Fer Franco-Éthiopien de Djibouti à Addis-Abeba, plus connue sous son sigle C.F.E. Elle bénéficie de la garantie de l’Etat français et peut ainsi réunir les capitaux nécessaires à l’achèvement de l’oeuvre interrompue depuis six ans. La Première Guerre mondiale désorganise cependant les cadres et le personnel, ralentit les livraisons du matériel, augmente les prix. Le 31 janvier 1914, l’Awash est franchi. Addis-Abeba est atteinte en 1915 (km 783,256, altitude 2348 mètres), et la ligne ouverte officiellement au commerce le 7 juin 1917. Malgré des conditions d’exploitation difficiles et onéreuses, la Compagnie du Chemin de Fer rembourse, depuis 1924, le capital avancé au titre de la garantie et les intérêts, sert de meilleurs dividendes à ses actionnaires. Elle augmente ses réserves, améliore son parc roulant et construit la gare d’Addis-Abeba. Le français constitue la langue véhiculaire des employés des chemins de fer djibouto-éthiopiens. La compagnie et ses employés contribuent à créer une forte communauté francophone parmi ses 3 employés et a joué un rôle important dans la présence française avec la création des deux Alliance française d’Addis Abeba et Dire Dawa. Malgré l’occupation italienne, la Compagnie reste exploitée jusqu’en juin 1940. Après la défaite italienne en 1941, l’exploitation est reprise par l’administration militaire britannique. Ce n’est qu’en mai 1946 que les Britanniques remettent l’administration du chemin de fer à la compagnie. Le chemin de fer est alors remis en ordre. En 1959, suite au traité franco-éthiopien d’Addis Abeba, la compagnie est éthiopianisée et le siège social est transféré à Addis Abeba. La France et l’Ethiopie détiennnent chacune 50 % du capital. Contrairement au gouvernement éthiopien, le gouvernement français ne détient plus dans les années 1970 que 25 % du capital, les 25 % restant étant entre les mains de sociétés françaises, notamment Paribas et la BNP.

La Compagnie depuis l’indépendance de Djibouti

En 1977, lors de l’indépendance de Djibouti, les actions détenues par les sociétés et le gouvernement français sont transférées au gouvernement djiboutien. Les difficultés se multiplient alors, entraînant un déclin rapide de la Compagnie : concurrence de la route construite par les Italiens entre Addis Abeba et le port érythréen d’Assab, matériel vieillissant, renversement d’Hailé Sélassié et arrivée au pouvoir en Ethiopie d’un régime marxisant, sabotages effectués lors de la guerre de l’Ogaden contre la Somalie, conflits intérieurs en Ethiopie, méfiance entre les gouvernements éthiopien et djiboutien, maintien de dettes à l’égard du gouvernement français (anciennes avances de trésorerie, paiement des retraites). Les deux tronçons nationaux évoluent séparément. En 1981 (traité du 21 mars), l’Ethiopie et Djibouti créent un établissement public bi-national à caractère industriel et commercial chargé de l’exploitation du chemin de fer éthio-djiboutien. Le siège social de la Compagnie est établi à Addis Abeba mais les statuts sont enregistrés dans les deux pays. Les années 1983-1988 sont marquées par une brève reprise, vite suivie d’une forte baisse. La Compagnie est dirigée par un Conseil d’administration bipartite. Selon l’article 5 des statuts, « Le Conseil d’Administration détient les pouvoirs exécutifs. Il délibère et décide sous réserve de l’Article 6 ci-dessous :

 Sur tous les projets d’investissements : à court, à moyen et à long terme.

 Sur les comptes prévisionnels d’exploitation et des opérations en capital et donne des directives pour sa mise en application.

 Sur toutes les questions ayant trait à la gestion de l’Etablissement.

 Sur la fixation du tableau des amortissements.

 Sur la passation des marchés, des contrats, des projets d’acquisition des immeubles ainsi que des conventions portant concessions d’ouvrage et des services.

 Sur les rapports qui lui sont transmis par les Contrôleurs et le Directeur Général et portant sur la gestion et la bonne marche de l’Etablissement. – Sur la fixation des tarifs des voyageurs et des marchandises eu égard à la rentabilité, à l’efficacité et au bon fonctionnement de l’Etablissement.

 Sur les modalités de recrutement, de la fixation de rémunération de base et les conditions d’avancement ainsi que le tableau des effectifs en tenant compte des ressources de l’Etablissement.

 La définition de l’organigramme des divers services de l’Etablissement. – Sur la création des ressources destinées à couvrir les charges de l’Etablissement.

 Sur les ressources disponibles, les programmes de fonctionnement et d’équipement à réaliser. » Un directeur général assisté d’un directeur général adjoint, est chargé de la gestion de la Compagnie. Le traité prévoit la répartition des tâches suivantes (article 2) : « Outre la Direction Générale les principales directions de l’Etablissement sont :
– La Direction administrative et financière installée à Addis-Abeba et ayant des services qui la représentent à Djibouti,
– La Direction du Personnel installée à Addis-Abeba et ayant des services qui la représentent à Djibouti.
– La Direction technique installée à Djibouti et ayant des services qui la représentent à Addis-Ababa.
– La Direction commerciale installée à Djibouti et ayant des services qui la représentent à Addis-Abeba. Les centres de formation de l’Etablissement seront fixés à Djibouti. L’atelier central reste fixé à Dire Dawa. Un rééquilibrage progressif des autres ateliers de réparations sera réalisé entre les deux Pays ». Malgré ce traité, la gestion de la Compagnie se dégrade progressivement, notamment en raison d’une organisation écartelée entre Addis Abeba et Djibouti et d’installations techniques vieillissantes. L’avenir du chemin de fer constitue pourtant un enjeu majeur pour l’Ethiopie, notamment après l’indépendance de l’Erythrée. Djibouti redevient alors le seul débouché commercial de l’Ethiopie et le chemin de fer retrouve tout son intérêt. Depuis 1991, des subventions ont été successivement accordées par les instances internationales de financement pour la rénovation de la compagnie. A titre d’exemple, on peut signaler que l’Agence française de développement a octroyé plusieurs subventions afin de permettre le rajeunissement du matériel. Le Fonds européen de développement, de son côté, a octroyé un financement de 40 millions d’€ afin de préparer la concession de la compagnie, permettant ainsi la rénovation des voies (environ 110 km sur les 781 que compte la ligne). Le programme indicatif régional 2002-2007 de l’Union européenne pour l’Afrique de l’Est et du Sud et l’Océan indien prévoit une modernisation du terminal de containers à Djibouti, des études pour la rénovation des ponts et du matériel et une aide à la concession de la compagnie.

Les changements actuels

En 2005, Djibouti et l’Ethiopie préparaient la concession de la société à une compagnie privée concessionnaire de droit éthiopien. L’objectif est de restaurer l’équilibre financier de la compagnie, d’assurer son développement et de répondre à la demande de transport à moyen et long terme. Les 27 et 28 mars 2006, c’est finalement la société sud-africaine COMAZAR qui a été choisie par le comité d’évaluation comme concessionnaire de la Compagnie pour une durée de 25 ans. Le capital de la future société, d’un montant de 12 M US $, devrait être souscrit, par COMAZAR et par des investisseurs privés des Emirats arabes unis et de Djibouti. D’autres groupes ont déjà décidé de prendre des participations dans le capital de la Compagnie. Des négociations entre COMAZAR et un comité d’experts doivent être entamées rapidement.

Un patrimoine français en Afrique

Le rôle économique et politique de la compagnie

La coopération avec la France débuta véritablement avec le traité d’amitié et de commerce du 7 juin 1843 signé entre le roi du Choa et Louis-Philippe 1er, Roi des Français. En 1897, le premier Ambassadeur de France est désigné et une Convention d’amitié et de reconnaissance entre la France et l’Ethiopie, qui prévoit notamment la libre utilisation du port français de Djibouti est signé. Cela marqua le début officiel des relations diplomatiques francoéthiopiennes. La ville de Dire Dawa a été fondée en 1902 autour de la gare du chemin de fer venu de Djibouti. Elle abritait les ateliers ferroviaires, les usines et les maisons de commerce. Grâce au passage du chemin de fer, le trafic commercial a été en partie détourné de Harar, qui demeurait la capitale religieuse de la région, au profit de Dire Dawa. La « ville du chemin de fer » connut d’ailleurs un essor si rapide que sa population dépassa celle d’Harar. L’arrivée du chemin de fer permit un développement commercial rapide de la province qui servit de base à la conquête du pouvoir (1916-1930) du futur empereur Hailé Sélaissé. Le chemin de fer arriva à AddisAbeba en 1917 et créa une nouvelle offre de transports, notamment pour les produits de l’agriculture et de l’élevage et permit à de nombreuses régions et villes d’être atteintes par les caravanes de la capitale. Alain Gascon dans La Grande Ethiopie, une utopie africaine, CNRS Editions, Paris, 1995, qualifie le chemin de fer de « cordon ombilical vers le marché international » (p. 96). Il ajoute « Le réseau des communications ressemblait à un arbre dont l’axe ferroviaire serait le tronc » (p. 156). Enfin, le chemin de fer constitue l’unique débouché commercial de l’Ethiopie sur la mer Rouge. Les archives de la compagnie de chemin de fer éclairent le rôle de la France à travers le chemin de fer dans cette période cruciale de l’histoire éthiopienne, tant du point de vue commercial que politique.

L’enseignement du français et la compagnie

En octobre 1907, les frères de Saint Gabriel (congrégation française catholique vouée à l’enseignement et dont la maison mère se trouve en Vendée) arrivèrent à Addis Abeba afin d’y créer la première école francoéthiopienne. Les premiers cours débutèrent dès novembre 1907. L’année suivante, une autre école française ouvrit ses portes à Dire Dawa. En 1912, la Compagnie du Chemin de Fer Franco-Ethiopien participa au rattachement d’une section professionnelle de formation des cheminots à cette école. Le 24 août 1911, grâce en partie à un don de 5 000 francs de l’ambassadeur de France de l’époque, et aux 2 000 thalers offerts par la Compagnie du Chemin de Fer Franco-Ethiopien, un terrain d’un hectare fut acquis par l’Alliance française d’Addis Abeba qui entreprit alors des travaux de construction. En avril 1912, deux enseignants et une centaine d’élèves s’installent. Le 8 décembre 1912, est inaugurée officiellement l’Ecole Franco-Ethiopienne. En 1937, refusant l’ingérence des italiens, l’Alliance Franco-Ethiopienne est fermée. Ce n’est qu’à la libération de l’Ethiopie en 1943, que des laïcs français décideront de rouvrir les portes de cette institution. En 1947, est signé un Accord par échange de lettres relatif à la création d’un établissement d’enseignement secondaire franco-ethiopien à Addis-Abeba. Le lycée Guebre Mariam est ainsi créé. Il se situe sur Churchill road, anciennement « Avenue de la gare », à quelques centaines de mètres de la gare d’Addis Abeba. Le tronçon entre ses deux établissements et le quartier de la Gare deviennent alors l’axe francophone de la capitale éthiopienne. L’histoire du chemin de fer et de l’enseignement de la langue française ainsi que de la présence française en Ethiopie sont donc intrinsèquement liés. Les cheminots de la compagnie utilisent le français, qu’ils ont appris au lycée ou dans les Alliances françaises, comme langue de travail. Cela explique pourquoi les archives sont en français jusqu’en 1972.

Un patrimoine industriel français en Ethiopie

Le développement et la modernisation de la ville d’Addis Abeba, fondé en 1887, est lié à l’arrivée du chemin de fer. Le quartier de la Gare abritait les logements des employés de la compagnie. Les quartiers des personnels dirigeants ont été aménagés selon des schémas français et leur architecture est facilement identifiable comme telle. En outre, le bâtiment actuel de la gare, dont la construction a débuté en 1927 et s’est achevée en 1929, a été élaboré selon les plans de l’architecte français Paul Barrias et à le voir, il ne fait aucun doute que c’est une gare française, tout comme celle de Dire Dawa ! Il a d’ailleurs été classé et doit faire l’objet d’un programme de rénovation. Les chercheurs ayant travaillé jusqu’alors sur la gare et la compagnie du chemin de fer ont pu constater les lacunes existant dans les archives relatives à ces sujets. Et pour cause, celles-ci sont encore conservées dans de très mauvaises conditions à Addis Abeba, et probablement à Dire Diwa. Ces documents sont d’une importance capitale à la mise en valeur de ce patrimoine architectural et industriel franco-éthiopien. La réhabilitation des chemins de fer avec l’aide de la communauté internationale et du secteur privé constitue actuellement un défi majeur pour les Africains, la recherche d’un désenclavement économique (Chemin de fer Congo-Océan, chemin de fer Côte d’Ivoire-Burkina Faso). Une telle action ne peut se faire sans préserver la mémoire de ces compagnies et lignes ferroviaires.

Source : Compte-rendu de mission, août 2006

Photos de la mission 2007

Plan de la situation de la gare à Addis Abeba
1 – Ancien bureau du directeur (trois pièces dont une squattée)
2 – Ancienne maison du directeur. Le local n° 201 est attenant à ce bâtiment
3 – Garage « Gerbal »
4 – Bureaux administratifs annexes (et local de conservation des archives triées)
5 – Bâtiment principal de la gare
Ancien bureau du directeur (trois pièces dont une squattée)
Ancienne maison du directeur. Le local n° 201 est attenant à ce bâtiment
Garage « Gerbal »
Août 2007

Compte rendu et photos d’une visite aux archives de la Compagnie

Simon Imbert-Vier, chercheur au Centre d’études des mondes africains (cemaf.cnrs.fr), a eu l’occasion de visiter les archives de la Compagnie en août 2007. Cet ancien enseignant de français à l’Université d’Addis Abeba a pu dresser un compte-rendu détaillant les différents lieux de stockage. Ce travail est aussi illustré par des photos.

 Compte rendu, les 14, 15 et 17 août 2007 (PDF)

Dernières photos

M. Eloi Ficquet (directeur du Centre français des études éthiopiennes-CFEE) nous envoie les dernières photos d’une partie de la tâche. Il s’agit de l’ancienne maison du Directeur sur la réserve foncière de Gerbal que les archivistes avaient commencé à traiter en novembre 2007 mais où a priori, de nouvelles archives ont été installées (en gros sacs de toile)…

Document-joint
 

(PDF – 87.5 ko)
        

« Archimag » et la mission

Le site Archimag.com et le magazine Archimag consacrent ce mois-ci un article sur l’association Archivistes sans frontières et présentent la mission qui se déroulera à partir du 28 mars prochain.

 Archimag.com

Document-joint
 

(PDF – 388.9 ko)
        

La revue « Religions & Histoire » s’intéresse à l’Éthiopie chrétienne

Le numéro de novembre/décembre 2007 de Religions & Histoire consacre un dossier à l’Éthiopie chrétienne.

État des lieux avant départ

Demain, c’est le grand jour : nous partons par groupe de 2 direction la capitale de l’Ethiopie, Addis Abeba, nouvelle fleur en amharique.

Nous partons plein d’entrain pour accomplir notre lettre de mission à savoir :
 finir le traitement des archives de la CDE stockées à ce jour à Addis (ancienne maison du directeur et dans le bâtiment de la Gare) ;
 mais aussi et surtout tenter de trouver un accord avec la clé un contrat de dépôt des archives traitées du CDE auprès des Archives Nationales Ethiopiennes (NALE).

Cependant, nous sommes un peu inquiets car les dernières nouvelles reçues de la part de la CDE ne nous sont pas très favorables. Nous sommes certes les bienvenues pour traiter les archives mais le transfert des dites archives est conditionné par un agrément du Conseil d’Administration de la Compagnie, en plein déclin par ailleurs et dont la date de réunion nous est à ce jour inconnue. Le directeur administratif et juridique de la CDE ne semble pas très favorable au transfert et prétexte qu’un simple hangar pour conserver les archives traitées ferait bien l’affaire.

La deuxième partie de notre mission reste donc incertaine mais les autres administrations Ethiopiennes (Centre Français d’Etudes Ethiopiennes et surtout la NALE) semblent prêtes à nous soutenir… tous les leviers seront bons à utiliser dans cet imbroglio diplomatico-archivistique. Affaire à suivre donc dans le prochain billet d’Addis…

Cécile Lombard

Arrivée à Addis Abeba

21h, heure française. Enfin sur place, décalage horaire et une journée de voyage nous ont mis à plat. Nous avons quitté Paris Cécile et moi-même à 8h du matin. Escale à Amsterdam puis vol en diagonale plein sud/sud est. Survol d’étendues de sable de la Libye et de l’Egypte, l’avion suit le cours du Nil jusqu’à Khartoum où nous sommes retenus à cause d’une panne de l’ordinateur de bord. Nous repartons 2h plus tard pour Addis. Nous survolerons ainsi de nuit les 2 capitales illuminées. Khartoum et Addis sont très étendus. Les lumières de la nuit amplifient cette impression. Débarquement dans un aéroport moderne et entretenu. Une bonne heure à faire nos visas, récupérer nos bagages, passer la douane et la repasser dans l’autre sens pour du chercher du change. La monnaie est le Birr (100 Birr = 18 euros). Un taxi avec quelques kilomètres au compteur et conduit par Fangio nous emmène á travers la nuit éthiopienne, rien à voir avec l’Afrique de l’Ouest. L’aéroport est tout près de la ville, une voie moderne le relie à Addis. Pas d’étales le long de la route et autres vendeurs de brochettes qui enfument ailleurs dans d’autres capitales sur les bas côtés.

Le décalage horaire de 2h et le temps d’être couché, il est 3h. Le réveil sera dur.

La Cie des archivistes

La gare, la ville, les gens… : repérage et premiers contacts

L’éveil est plutôt catastrophique. Les douches froides ont été inventées certainement pour solutionner le problème. Rude mais efficace pour éviter de végéter cette première journée. Nos deux acolytes (Christophe Vigneron et Thierry Guilpin) arrivent par le vol d’Ethiopan Airlines. Le buna local et le macchiato nous font grand bien. Premier contact avec le petit déjeuner local. Départ pour « lagar » comme on dit à Addis pour voir notre futur lieu de travail.

Les choses ont changé. Les lieux sont clos ; la gare elle même mais aussi tous les bâtiments où ont travaillé les membres de la mission 2007. L’emprise foncière est bien entamée. Un collègue a élu domicile dans les bâtiments administratifs. Un terrain de foot a été emménagé le long de la gare. Un mail d’Eloi Ficquet (directeur du Centre français des études éthiopiennes-CFEE) reçu avant notre départ nous a pourtant rassuré un peu. Les archives sont encore sur place dans des locaux fermés. Le travail majeur de la mission précédente a donc été sauvegardé. Nous ne pourrons faire un réel état des lieux que demain lundi. Un café a été aménagé dans l’aile gauche de la gare, agréable, soigné. Des copies de photos historiques au mur : inauguration de la gare, passage du Négus, de l’impératrice, de de Gaulle entre les années 20 et 1950. Nous partons pour visiter la ville et localiser en particulier le Centre Français d’Études Éthiopiennes. Nous prévoyons de rencontrer son directeur à partir de lundi. Il faut que nous allions à la rencontre d’un réseau d‘interlocuteurs qui pourront nous aider pendant ces deux semaines. Nous retrouvons ainsi des amis de notre web master Greg. Ils nous emmènent prendre un café et nous parlent d’Ethiopie. Nous partons pour une longue balade à travers la capitale. Un salut au clone de Lucy (la vraie est en Suisse). De belles églises orthodoxes (Saint Georges et Trinity church). La ville est très marquée par une architecture communiste massive, accompagnée encore de quelques marteaux et faucilles. Des points levés de fierté absolue. Ça et là surgissent des perles architecturales malmenées par le temps. La ville aussi se développe à une vitesse phénoménale. Retour à l’hôtel passer au cyber et bonne nouvelle ! Le directeur des Archives nationales d’Ethiopie (NALE) nous attend dès lundi pour préparer le terrain. La situation a aussi bien évolué de ce côté. Atkil Assefa a appris le français et a pris des fonctions au sein du Conseil International des Archives (ICA). Ces nouveaux éléments sont plus qu’encourageants. A demain !

La Cie des archivistes

Pour en savoir un peu plus sur le chemin de fer et l’Éthiopie

L’histoire du chemin de fer

La mission des archives est terminée mais vous pouvez continuer à suivre l’histoire formidable du chemin de fer qui relie Addis-Abeba à Djibouti à travers différents livres.

Le Train du négus. Appelé ainsi car commandé aux français par le négus Ménélik, le chemin de fer traverse sur 782 kilomètres des régions où les fusillades, les déraillements et les télescopages sont monnaie courante. L’auteur, qui a pris place à bord du train, nous décrit l’ingéniosité et l’héroïsme dont font preuve les cheminots pour faire fonctionner un matériel agonisant, dont certains éléments datent de 1910.

 Le Train du Négus. FORESTIER, Patrice, Paris : Grasset & Fasquelle, 1994. 321 p.

 D’Addis Abeba à Djibouti en train. GUYOT, François : L’Harmattan, 1995. 96 p.

 Vous pouvez aussi suivre ce voyage mythique à travers un reportage de Laurent Correau (journaliste à RFI) réalisé en 2005, http://www.rfi.fr/actufr/articles/0....

À lire aussi sur l’Éthiopie

Trois romans…

Asmara et les causes perdues : 1985, un groupe d’humanitaires français vient sinstaller à Asmara, ancienne capitale coloniale italienne, pour porter secours aux victimes d’une famine.

 Asmara et les causes perdues. RUFIN, Jean-Christophe, Paris : Gallimard, 2001. 303 p.

L’Abyssin. À l’origine de ce livre, un fait historique : Louis XIV, le Roi-Soleil, est entré en relation avec le plus mystique des grands souverains de l’Orient, le Négus. l’Abyssin est le roman de cette fabuleuse ambassade.

 L’Abyssin. RUFIN, Jean-Christophe, Paris : Gallimard, 1999. 698 p.

 Retour en Éthiopie. DE GOUVENAIN, Marc : Babel, 1990. 168 p.

… et trois ouvrages de photos

 Ethiopia 1966, CARTOCCI Paul et COSULICH Guido, Arada Books, 2010. 136 p. ; 107 photos.

 Addis-Abeba 1886-1941. La ville et son patrimoine architectural. GIORGHIS Fasil et GERARD Denis, Addis-Ababa, Shama Books, 2007, français/anglais. 343 p.

 Les portes des larmes : Retour vers l’Abyssinie. DEPARDON, Raymond et GUILLEBAUD, Jean Claude : Points, 2008. 267 p. ; 130 photos.

Lundi 29 mars

La NALE (National Archive & Library of Ethiopia)

9h : rencontre avec Atkil Assefa, Directeur des Archives Nationales d’Ethiopie avec 2 de ses collaborateurs. Ils nous réservent un accueil assez chaleureux. Depuis 2007, Atkil Assefa a appris le français et devrait prendre en fin d’année, ses fonctions de responsable de la Commission d’Audit du Conseil International des Archives (ICA).

Nous évoquons les points essentiels du dossier :

Il confirme son accord pour recevoir les archives de la Compagnie de chemins de fer Djibouto-Ethiopienne (CDE) en dépôt et fournira la logistique pour le transfert. Il nous dit que la loi ne peut être employée comme argument pour forcer la Cie à verser. Si nous nous référons à l’article 8.4 de la loi, une compensation financière à tout transfert d’archives privées est nécessaire et ni la CDE ni la NALE sont en mesure d’assurer ces coûts. Nous lui remettons notre proposition de contrat de dépôt en anglais en reprécisant que la propriété de la Cie est bien identifiée. Il n’a jamais eu ce type de convention à traiter mais la transmet dans la foulée à son conseiller juridique. Nous insistons sur le fait que ce document n’est qu’une proposition et qu’il appartient aux deux parties de la retravailler avec notre aide. Pour lui, il est nécessaire de rencontrer à présent les représentants de la CDE. Il propose de le faire jeudi matin, le vendredi étant férié. Il nous demande d’organiser ce rendez vous. Pour autant, il mentionne les difficultés côté Cie dans la mesure où le transfert est conditionné à un double agrément (Conseil d’Administration de la Cie actuelle et de la Cie qui rachèterait la concession).

Le rendez vous est suivi d’une visite très agréable des nouveaux locaux de la Bibliothèque et des Archives nationales et d’une visite de l’ancien bâtiment abritant des manuscrits remontant au 15e siècle.

La gare

Début d’après midi, nous nous rendons à la Gare et retrouvons un employé de la Cie, déjà rencontré par la précédente mission d’ASF en 2007. Il nous fait visiter les locaux :
 la gare : pas de clé, pas d’accès à la cave
 bâtiments administratifs : lieux où étaient entreposées les archives traitées par précédente mission. Bonne nouvelle !!! Tout est intact, nous procéderons à un récolement dès demain.
 l’ancienne maison du Directeur : le pilon est entreposé là, quasi intact. C’est le soulagement général !!

Nous retournons à la gare et rencontrons Asrat Mekonnen, le Directeur administratif et juridique.

Il nous reçoit aimablement mais rappelle les difficultés de la Cie et nous dit ne pas avoir autorité pour valider quoi que ce soit. Il nous renvoie à une décision du Conseil d’Administration de la Cie. Il évoque très clairement la crainte de la perte de propriété des documents par la Cie. Nous lui remettons notre proposition de contrat de dépôt en anglais. Il reste assez distant et peu enthousiaste. Il s’engage à revoir le document et à nous recevoir demain. Il nous conseille de rencontrer Tium Tekfal, Directeur Général de la Cie pour avancer sur le dossier. Il reviendrait de Djibouti mercredi.

Nous restons fermes sur le fait qu’il est nécessaire d’avancer sur la solution du transfert / dépôt avant de poursuivre le travail. Nous devons être assurés que ces archives soient protégées avant de les traiter.

Eloi Fiquet

Nous nous rendons au CFEE (Centre Français d’Etudes Ethiopiennes) pour rencontrer Eloi Fiquet, son directeur. Il nous confirme que la Cie connaît de graves difficultés financières et que ses membres considèrent que les archives pourraient être une source de revenus. Le trafic ne fonctionne plus qu’entre Djibouti et Dire Dawa. Ses seuls revenus sont essentiellement tirés à présent de la location des bâtiments à Addis Abeba. La Cie voudrait conserver les archives mais facturer la location du bâtiment.

Il est confiant dans le fait que le projet de transfert aboutira. Il parle du projet de Musée porté par l’Ambassade (exposition itinérante installée dans un wagon).

Il nous propose d’organiser un dîner avec la CDE, la NALE, l’Ambassade, le Ministre des Transports et de la Culture Ethiopiens et nous pour faire avancer le dossier.

Programme de demain

 Rencontrer le Directeur Général de la CDE
 Visiter les locaux non encore vus (la cave etc.)

La Cie des archivistes

Mardi 30 mars

Cette troisième journée commence par une nouvelle visite surprise à Asrat Mekonen (Directeur administratif et juridique de la Cie) afin de recueillir ses impressions sur le projet de contrat de dépôt que nous lui avions remis hier. Il nous indique qu’il n’a pas réussi à en parler avec son conseiller juridique et nous fait comprendre que nous perdons notre temps avec lui et que nous devons discuter directement des suites de la mission avec le directeur général de la compagnie. Selon la secrétaire de ce dernier, nous pourrons le rencontrer demain matin à son retour de Djibouti.

Une fois de plus, nous ne parvenons pas à nous faire ouvrir les sous-sols de la gare. Il semblerait que la clef ait disparu. Nous devrons attendre que la clef soit retrouvée ou la serrure changée.

En fin de matinée, nous procédons à la vérification des dossiers traités lors de la première mission. L’idée est bonne car les dossiers ont été dérangés et certaines indications de cotes ont disparu.

En milieu d’après-midi, nous débutons le tri des archives stockées dans l’ancien bureau du directeur de la compagnie. Nous parvenons en fin de journée à mettre de côté les archives à verser des archives à éliminer, sous un épais nuage de poussière noire, à la lumière des lampes frontales. Un premier aperçu confirme la valeur du fonds avec notamment des dossiers sur les emprises, des contentieux, incidents, déraillements, vols/police de la Compagnie, des dossiers de travaux, des archives décisionnelles (AG, CA), ainsi qu’un volume très important de dossiers de personnel.

En cours de journée, nous tentons de joindre M. Perron, adjoint du conseiller culturel, sans résultat. Il sera absent jusqu’à jeudi. On parvient cependant à obtenir un rendez-vous avec M. Cohen, le conseiller culturel de l’ambassade, demain à 11 heures, grâce à Eloi Ficquet. En espérant qu’il puisse nous aider à débloquer la situation du côté de la compagnie .Suite au prochain épisode….

La Cie des archivistes

Mercredi 31 mars

Bulletin météo

Avant de commencer le récit d’une journée exaltante, un bref bulletin météo pour ceux qui se préoccuperaient du temps à Addis. Depuis que nous sommes arrivés, nous avons une alternance de soleil, avec nuages d’altitude et pluies diluviennes souvent en milieu d’après-midi qui laissent les routes de la ville boueuses et détrempées. Mais la température est agréable dans la journée (entre 20 et 25°).

Compagnie et rencontre du DG

Brève rencontre avec Mekonnen qui nous liste nos requêtes et nous fait un état d’avancement des différents points. Le plus important pour nous, il fait sauter la serrure d’accès à la cave de la gare.

Tium Tikea, Directeur Général de la Compagnie. Nous sommes reçus dans un immense bureau qui accueille un espace salon, un bureau et une grande salle de réunion. Un peu tendus, nous exposons les raisons de notre présence et très vite, Tium nous répond dans un bon français. La compagnie est dans un état de déliquescence absolue. Par conséquent, il lui paraît essentiel de sauvegarder son patrimoine et le transfert des archives à la National Archive & Library of Ethiopia (NALE) lui paraît la moins mauvaise solution. Nous lui présentons le projet de convention en précisant que tous ses commentaires pourront être intégrés s’il le souhaite. Il accepte par ailleurs de recevoir la NALE lundi 5 avril matin pour régler les éventuelles questions liées à la convention de dépôt. Il insiste sur le fait que la partie Djiboutienne de la Compagnie doit suivre le même processus et bénéficier des mêmes modalités pour assurer la confiance et la pérennité du projet. C’est un homme touchant que nous rencontrons, soucieux du patrimoine de la Compagnie, brisé par l’état de crise qu’elle traverse depuis des années. Les trains ne roulant plus depuis plus deux ans, il n’a aucune liquidité et est obligé de louer son patrimoine pour payer les 1500 salariés que compte encore à ce jour la Compagnie. A l’issue de ce RDV, nous nous séparons en deux équipes : l’une profitant de l’ouverture de la cave, va explorer les bas fonds de la Gare. A priori, les 80 mètres linéaires identifiés par les précédentes missions semblent ne pas avoir bougés hormis la poussière qui s’est accumulée depuis.

Réunion avec le Directeur de la Compagnie

Conseiller culturel et Ambassade de France

L’autre équipe saute dans un taxi vieillot et se dirige vers l’Ambassade de France pour y rencontrer le dynamique conseiller culturel, Patrick Cohen. En l’espace d’une demi-heure, nous exposons notre cas, il prend acte, et nous promet la remise d’un courrier mentionnant la prise de contact avec la partie Djiboutienne prévoyant une réciprocité d’action. Nous avons à peine le temps de goûter au havre de paix que semble être l’Ambassade mais nous aurons l’occasion d’y revenir car Patrick Cohen nous a aussi obtenu un RDV avec l’Ambassadeur mardi à 17h.

NALE

Compte tenu de la rapidité de ce RDV, nous en profitons pour faire un crochet par la NALE malgré les réclamations de notre chauffeur pour obtenir un supplément. Nous souhaitons valider leur disponibilité de lundi et savoir s’ils seraient d’accord pour repousser la réunion proposée initialement ce jeudi au lundi suivant. Après quelques coups de fils, le Directeur de la NALE semble pouvoir se rendre disponible. Heureux, sous le soleil, mais ayant le sentiment de ne pouvoir digérer les bonnes nouvelles de la matinée, nous retrouvons nos deux compagnons, épuisés par l’exploration à la lampe frontale des sous-sols de la Gare. Déjeuner de débrief autour d’une assiette de pâtes pantagruélique et d’un jus de mangue des plus salvateurs, nous nous réjouissons des avancées spectaculaires obtenues en l’espace de quelques heures.

Bâtiment de la NALE

Traitement des fonds

A nouveau, deux équipes se forment pour l’après-midi pour optimiser le traitement des fonds et ne pas se marcher sur les pieds. Nous tentons d’obtenir une table ce qui nous permet de revisiter les ateliers vétustes de la Compagnie. Deux motrices, dont l’une semble avoir subi un accident des plus sanglants, des bidons de fuels…

L’équipe dite des cosmonautes

L’équipe de la cave mange de la poussière, sélectionne les archives qui pourraient être versées et met de côté les éliminations. Quelques pépites : les comptes-rendus d’AG des années 10 aux années 30. Seuls 10% des fonds stockés à cet endroit seraient à verser à la NALE. Un volume important de document en amharique sera cependant sauvegardé par précaution et classé en préarchivage (cote CDE). L’équipe de Gerbal (ex-maison du directeur) avant de se mettre au traitement des archives, contacte Danièle Neirinck pour lui faire état de l’avancée de la mission. Elle nous propose un courrier similaire à celui du Conseiller Culturel confirmant l’engagement d’ASF à poursuivre les actions sur le terrain côté Djiboutien si un accord est trouvé. Puis, nous nous mettons au travail et poursuivons l’identification par grandes catégories des dossiers sortis hier de la pièce du fond.

Thierry en spéléo dans le sous sol de la gare

Quelques pépites : un album de photos sur Assab et les salines et les procès-verbaux en italien de la période d’occupation italienne. La journée, riche en émotion, se termine autour de l’organisation de notre week-end puisque la journée de vendredi sera fériée et que la Compagnie est fermée, ce qui ne nous permet pas de travailler. A contrario, le lundi de Pâques est travaillé. Nous pensons que les contacts noués par Arnaud Ramière de Fortanier lors de sa mission d’avril 2008 a permis cette avancée spectaculaire. Les différentes parties semblent avoir pris conscience de la nécessité de faire avancer les choses en trouvant le meilleur compromis.

Rue d’Assab

Planning prévisionnel

 jeudi 1er avril 12h30 : RDV avec Shiferaw Bekele, professeur à l’Université d’Addis Abeba, département d’histoire grâce aux coordonnées téléphoniques laissées par Simon Imbert ;

- week-end : deux excursions : deux jours à Ankober à 190 km au Nord d’Addis et une journée à Wenchi, à 150 km à l’Ouest d’Addis. Au programme, trekking, visite de marchés locaux, églises surtout en cette période de fête. Ce sera la fin du jeûne pascal, et nous risquons d’assister à des cérémonies traditionnelles orthodoxes. De quoi nous changer les idées après une semaine de mission.

 lundi 5 avril 10h00 : RDV DG Compagnie / DG NALE / ASF sur la convention de dépôts ;

 mardi 6 avril 17h00 : RDV avec l’Ambassadeur de France, Jean-Christophe Belliard.

La Cie des archivistes

Jeudi 1er avril

Grande nouvelle aujourd’hui : nous avons terminé le traitement des dossiers, ne reste plus que le versement à la NALE à régler !!… Bon, ce n’est pas parce que nous sommes en Ethiopie que nous allons nous priver d’un petit poisson d’avril… Notre journée commence par une petite mise à jour de nos notes. Nous remettons au propre le bordereau d’élimination du bureau de l’ancien directeur (salle « Gerbal ») et nous nous attaquons à la sélection des photos proposées à notre webmaster. La connexion internet est tellement mauvaise que l’envoi des 25 photos, par lot de 4, nous prend presque une heure.

Malheureusement, les Archives nationales éthiopiennes annulent notre rendez-vous relatif à la correction du modèle de contrat de dépôt que nous leur avons soumis en début de semaine. Nous en discuterons donc en direct lors de la réunion de lundi matin.

Nous déjeunons avec M. Shiferaw Bekele, professeur d’histoire à l’université d’Addis Abeba. Il nous indique que M. Imbert-Vier et lui-même ont eu accès aux archives classées lors de la première mission dans les locaux de la compagnie.

L’après-midi est consacré à la poursuite du traitement des fonds sur les sites de la gare et du bureau de l’ancien directeur. Une équipe achève la sélection des archives historiques et débute la rédaction du bordereau d’élimination des archives stockées dans les sous-sols de la gare. Miracle, de courte durée, nous bénéficions de l’installation précaire d’une ampoule électrique. Une bonne moitié des éliminables est recensée en fin de journée.
La seconde équipe s’attaque aux dossiers de carrière découverts dans les placards du bureau de l’ancien directeur. 47 liasses sont constituées en ordre alphabétique (une lettre par liasse) et inventoriées, des ensembles spécifiques d’agents SNCF sont bien identifiés. Le perron de la maison devient un excellent prolongement de notre table de tri. Quelques brebis nous rejoignent mais n’osent pas encore se lancer dans la carrière d’archiviste !

Découverte du sous sol de la gare (le 31/03)
Thierry au pied du mur (le 31/03)

Reste donc un ensemble à inventorier, antérieur aux années 50 et portant sur la gestion du personnel, les travaux de construction de la ligne et d’aménagement des concessions de la Cie à Addis et Dire Dawa notamment.

Nous devrions pouvoir traiter cela rapidement. C’est essentiel compte tenu des actions majeures à mener : mettre en œuvre la convention Cie/ NALE et réaliser le transfert physique des archives que nous espérons pouvoir mener à pied avant notre départ.

Nous pensons aussi à notre retour et à la nécessité d’anticiper la rédaction de notre rapport. La première semaine s’achève, intense et dense, et il est nécessaire de ne rien perdre de ce travail.

La Cie des archivistes

La mission en photos

Traitement dans les locaux dits de « l’ancienne maison du directeur »

Christophe au sommet
Traitement bureau du directeur

Les pépites

L’empereur Hailé Sélassié

La gare

Un wagon fatigué
Logo CFE sur wagon

La Cie des archivistes

Week-end pascal (vendredi, samedi, dimanche) en Éthiopie

Vendredi et Samedi : Addis – Ankober – Addis

Vendredi est férié en Ethiopie en raison des fêtes de Pâques il ne nous est pas possible de travailler dans les locaux de la Compagnie, celle-ci refusant de nous confier des clefs. Nous devons en effet toujours être accompagnés, que ce soit dans le bureau « Gerbal » ou à la gare…

Le prochain rendez-vous sera donc lundi matin pour LA réunion que nous espérons décisive entre la NALE et la Compagnie.
Nous profitons de ces trois jours de répit pour partir en balade, deux jours du coté d’Ankober au Nord, et une journée vers le lac du cratère de Wenchi, à l’Ouest. Paul, le mari de Cécile, nous a rejoint samedi soir.
Les balades sont variées et pittoresques, passant de la pluie diluvienne au soleil perçant. Des souvenirs de crevaison et d’enlisement de notre antique minibus viennent pimenter des paysages à couper le souffle.
Du côté d’Ankober, on pourrait facilement se croire en Asie du Sud-est en raison de cultures en terrasses. La végétation est luxuriante et le climat très humide. Nous en faisons d’ailleurs les frais, notre matinée de samedi étant perturbée par une brume épaisse et de fortes averses. Nous nous souviendrons longtemps de notre promenade au marché local, dans la boue et sous la pluie. Les étals à même le sol n’empêchent pas des échanges commerciaux intenses : nombreuses ventes d’agneaux en lien avec la fête de Pâques.

Dimanche : Addis – Cratère et Lac de Wenchi – Addis

Les paysages autour du volcan de Wenchi sont très différents. La piste qui nous y conduit traverse des plateaux de savanes arborées beaucoup plus sec que la vieille. Un grand soleil nous accompagne. Nous découvrons à l’intérieur du cratère un lac au milieu duquel se trouve une île. Nous nous y rendons en barque pour visiter une église du 14e siècle, malheureusement fermée. Elle a abrité les « arches d’alliance » lorsque les églises éthiopiennes ont été détruites. Déjeuner pittoresque où nous dégustons à notre tour l’agneau pascal accompagné du pain de bananes fermenté.

Ces trois jours ont été les bienvenus et nous permettent de repartir du bon pied pour notre dernière semaine à Addis.

Planning de la semaine

 lundi 10h : réunion à la Compagnie avec la NALE pour aboutir à un accord sur la convention de dépôt.
 Transférer les dossiers à traiter de la cave de la gare jusqu’aux bureaux administratifs. L’aide d’un chariot nous serait très utile et cherchons désespérément la traduction du mot « brouette » à cet effet.
 Terminer le traitement à Gerbal et organiser un transfert en voiture jusqu’aux bureaux administratifs.
 Mardi : RDV à 17h avec l’Ambassadeur de France, Jean-Christophe BELLIARD

La Cie des archivistes

Lundi 5 avril : Réunion entre la Cie, les archives et ASF

La journée débute par une rédaction du compte-rendu de notre week-end mais également du bordereau de versement des articles traités jeudi que nous n’avons pas encore eu le temps d’inventorier. Vers 9h40, nous nous mettons en route direction la Compagnie pour notre fameux meeting. Nous retrouvons le directeur général de la National Archive & Library of Ethiopia (NALE) mais également son adjoint qui sont déjà arrivés.

Réunion générale

Nous patientons quelques minutes en attendant le directeur général de la Compagnie. Pour autant, il nous introduit dans son bureau mais prend quelques minutes pour répondre à différents coups de fils qui ne laissent guère présager un bon déroulement de la réunion. Finalement à 10H15, la réunion commence par un tour de tables. Brève présentation des uns et des autres. Tium a tout de suite repéré que nous avions un nouveau compagnon. Paul se présente en indiquant que la présence d’un juriste pourrait être utile pour la négociation du contrat de dépôt. Tium acquiesce et sourit ! Immédiatement, nous entrons dans le vif du sujet à notre plus grand étonnement car hier soir en n’en discutant ensemble, nous avions quelques doutes sur le déroulement de la réunion et la discussion autour des différents articles de la convention. Tium nous expose que le bateau coule (la Compagnie). Nous répondons en lui exprimant notre compassion mais également notre volonté de l’aider par le biais de cette mission. C’est l’occasion de faire un lien avec notre précédente réunion avec lui et de lui présenter les deux courriers, celui de Danièle Neirinck s’engageant au nom d’ASF à poursuivre les traitements mais surtout le courrier du Conseiller culturel de l’Ambassade de France, Patrick Cohen. Tium réagit immédiatement en précisant que le courrier mentionne une intention et non un engagement. Il met en avant son côté « bureaucratique » et souligne qu’il est nécessaire que les deux parties composant la Compagnie, Djibouti et l’Ethiopie avancent de manière parallèle et transparente. Cela signifie qu’au-delà du courrier de l’Ambassade de France, il est nécessaire d’avoir un courrier officiel des « représentants officiels » côté djiboutien pour pouvoir mettre en œuvre la présente convention et le transfert physique des archives. Puis, Tium propose une lecture article par article du projet de convention que nous lui avons remis. Le premier point concerne les termes du dépôt. La notion de propriété des archives une fois le transfert effectué, va mettre à mal nos efforts. Assefa rappelle en effet, que la loi éthiopienne précise qu’en cas de versement des dossiers, la propriété des archives est transférée à l’Etat. Paul tente une « pirouette » en démontrant que la Compagnie comme la NALE sont des organismes étatiques mais cet argument est balayé par Tium qui met en avant la bicéphalité de la Compagnie. Il est donc désormais nécessaire d’avoir un accord officiel de Djibouti pour ce transfert à la NALE. S’ensuit une longue discussion sur le retrait potentiel des archives si le transfert avait lieu, en cas de rachat de la Compagnie par un consortium mais également si la Compagnie s’arrêtait de fonctionner. La présence de Paul s’avère finalement des plus utiles car les termes du contrat semble finalement plus compliqués que prévue. Nous aboutissions finalement au fait que ce n’est pas un contrat de dépôt qu’il est nécessaire de rédiger mais un contrat de transfert de propriété qui nécessite un accord de Djibouti. Nous sommes un peu sonnés par la nouvelle car cela remet en cause complètement nos projets actuels et l‘éventualité d‘un transfert physique des archives avant notre départ. Il n’est plus nécessaire de regarder les autres articles car le transfert engendre le fait que les archives suivraient désormais les modalités évoquées par la loi sur les archives y compris dans les modalités de consultation. Nous nous mettons d’accord sur la réécriture de la convention en ce sens. Notre RDV avec l’Ambassadeur demain nous permettra d’aborder ce point (cf la lettre du Conseiller culturel). Le DG de la NALE conclut cette réunion en nous remerciant des efforts mis en œuvre notamment par ASF, de l’opportunité de cette réunion grâce à l’esprit d’ouverture de Tium et se dit prêt à mettre en œuvre toute l’aide nécessaire à l’aboutissement du projet. Série de photos officielles, y compris une poignée de main des plus encourageantes entre les deux DG.

Une poignée de main encourageante

Nous nous retrouvons pour un déjeuner débriefing. L’équipe est partagée entre le sentiment d’avoir néanmoins avancé avec la réunion des deux parties et l’examen du projet voir de sincères engagements pour un futur aboutissement et un sentiment de tourner en rond car à chaque nouvelle mission de nouveaux obstacles sont mis en avant repoussant d’autant le transfert physique. Pour autant, cela n’entame pas notre vigueur au travail et nous voilà partis pour un après-midi transfert à la brouette des archives de la Cave entre la Gare et le bâtiment administratif qu’Asrat Mekonnen nous a finalement accordé. Sous le regard amusé et intrigué de la population, nous multiplions les aller – retours de brouettes entre les deux bâtiments, sous un soleil de plomb. La brouette a quelques faiblesses notamment une roue des plus défaillantes en raison d’un pneu qui n’a plus de pneu que le nom !!!! Une fois le transfert terminé, nous procédons à un premier tri pour identifier les grandes activités (Vie sociale, contentieux, gestion du personnel, exploitation, travaux…) et quelques perles : photos anciennes des ateliers, travaux de construction de la Gare mais également maintenance des voies. Seul bémol à cette journée à nouveau fructueuse pour les optimistes, nous devons voir le DG de la Compagnie demain car il a mis en avant la prochaine location des bâtiments administratifs qui abritent les archives traitées : un nouveau challenge pour ces archives en déshérence ?

Traitement des documents de la cave

La Cie des archivistes

« Addis-Abeba, terminus ! », un article de Christophe Châtelot

Un article de Christophe Châtelot paru dans Le Monde magazine daté du 3 juillet 2010 revient sur les péripéties de la ligne de chemin de fer Djibouti – Addis-Abeba :

La mission en photos

Le kit du parfait archiviste sans frontières

Combinaison, masque, gants, fiches, ficelle, lampe frontale, ruban adhésif...

Les pépites

Banque d’Italie à Assab
Pont

La gare

Quai de la gare
Première action de la Compagnie
Wagon accidenté

La National Archive & Library of Ethiopia (NALE)

Bâtiment de la NALE
Salle de lecture de la NALE
Mardi 6 avril

Transfert des archives dans les bureaux de la Cie et réunion à l’ambassade de France

Un transfert épique

Cette journée est marquée par une grande avancée dans le traitement des fonds. Nous avons, pour débuter la journée, achevé l’inventaire des archives destinées à être éliminées. Nous les avons laissées à leur emplacement d’origine dans la cave de la gare. Une masse importante de documents en amharique a également été laissée dans la cave faute de pouvoir être identifiés.

Transfert Gare - bâtiment administratif à la brouette !!!!

Par ailleurs, une très bonne nouvelle nous attendait à notre arrivée ce matin dans les bureaux de la Compagnie. Celle-ci étant en mesure de mettre à notre disposition un pick-up afin de transférer les archives triées du local Gerbal aux bureaux administratifs. Cette nouvelle donne modifie notre programme et nous décidons de traiter en priorité les documents posés à même le sol à Gerbal, pré-identifiés mais non encore conditionnés et inventoriés.

Traitement du site Gerbal avant transfert

Le reste de la matinée est consacré à cette tâche et dès 13h30, nous organisons l’épique convoiement du fonds. En équilibre précaire à l’arrière de la camionnette, Christophe et Paul veillent à la stabilité du chargement. A la chaîne, le déchargement des deux convoyages ne nous prend pas plus de deux heures. La totalité des archives historiques repérées par les précédentes missions d’ASF sont enfin rassemblées dans un même lieu, à savoir les deux bureaux mis à notre disposition par la Compagnie au sein des bureaux des services financiers.

Lieu de conservation au bâtiment administratif après tous les transferts effectués

Le matin même, le Directeur général de la CDE nous a assuré que ces deux bureaux seraient conservés par la Compagnie tant que les archives ne seront pas transférées à la National Archive & Library of Ethiopia (NALE).

Alors que les équipes s’activent, Paul de son côté, modifie le brouillon du contrat de transfert afin de pouvoir le transmettre à nos différents interlocuteurs avant notre départ et poursuivre l’élan positif de la réunion d’hier. Reste une interrogation que nous soumettrons demain à la NALE, le transfert des archives est-il conditionné à une compensation, comme l’indique la loi éthiopienne (qui pourrait correspondre au transfert physique), même symbolique ?

Réunion à l’ambassade de France

Tandis que Christophe et Thierry remettent en ordre les liasses transférées, nous regagnons l’hôtel pour une douche des plus salvatrices et reprendre visages humains avant de rencontrer l’Ambassadeur de France.

Nous montons dans un taxi et après avoir passé les grilles, nous remontons les 40 hectares de l’emprise de l’ambassade. Nous sommes un peu en avance et patientons. Nous sommes rejoints par Pascal Perron, l’adjoint à la Culture et Eloi Ficquet, directeur du Centre Français d’Etudes Ethiopiens. L’ambassadeur nous accueille et en l’espace de 30 minutes, nous exposons les raisons de notre entrevue et nous le sollicitons pour tenter de trouver un point de contact côté Djiboutien, indispensable au transfert des Archives à la NALE. L’ambassadeur nous assure de son soutien et de sa volonté de faire avancer le dossier, conscient de l’enjeu patrimonial et historique des archives traitées. Nous ressortons contents même si nous savons que le transfert ne pourra avoir lieu avant notre départ. Cependant, nous savons que la lumière a été mise sur les archives et que tant l’ambassade de France que le CFEE seront vigilants à l’évolution de la situation.

Nous pouvons donc profiter des derniers jours pour conditionner les derniers articles, parfaire nos bordereaux de versement, d’élimination mais aussi commencer notre rapport de mission que nos différents interlocuteurs nous réclament déjà.

La Cie des archivistes

Mercredi 7 avril

Aujourd’hui la formule de travail à deux équipes continue d’avoir nos faveurs. Christophe et Thierry continuent le traitement des documents dans les bureaux des services financiers. Nous devons d’abord acheter de la ficelle, tâche apparemment simple, mais qui nous entraîne avec un membre de la CDE dans des quartiers un peu louches où le khat se revend à tous les coins de rue.

Les négociations pour quelques mètres de ficelles aux couleurs fluo s’éternisent et nous revenons avec notre butin chèrement acquis. Après la reprise de quelques liasses traitées un peu rapidement la veille nous continuons le traitement des documents issus du sous-sol de la gare. Lors d’une rencontre fortuite, les encouragements de M. Breahnou, directeur financier qui avait été notre contact principal de la Compagnie en 2007 (avec M. Mekonnen), nous redonnent du cœur à l’ouvrage. A la fin de journée il ne reste plus que quelques mètres à traiter. En parallèle, l’autre équipe prend en charge l’écriture et la finalisation des documents. Cécile et Paul se rendent à la NALE pour revoir la version finale du contrat de transfert et intègrent sur place les ultimes corrections avec l’aide d’Ahmed. Le document est déposé en version papier au secrétariat du DG de la Cie, Tium TIKE. Un exemplaire est transmis par email à Atkil Assefat, DG de la NALE. Il répondra l’après-midi même, satisfait à la première lecture, nous précisant qu’il le transfert immédiatement au juriste de la NALE pour revue et retour rapide par email. L’histoire et les échanges électroniques (contrat et blog) ont donc eu rendez vous à Addis Abeba pour le meilleur ! Laurent saisit l’inventaire traité la veille et le remettra a Thierry et Christophe au cours du déjeuner afin qu’ils puissent travailler avec un document plus facile. Ils sont partis le matin avec seulement des photocopies de l’écrit de la veille. Pas top car 5 écritures différentes : il était alors nécessaire de mettre le turbo pour profiter de l’inespérée disponibilité du pick up. Les quelques courts de paléographies de nos années d’études n’ont pas été inutiles pour relire….

Après un passage à Gerbal pour admirer les progrès de leurs coreligionnaires, Cécile, Paul et Laurent prennent place à l’arrière de la salle de restaurant du RAS Hotel, avec une lumière digne d’un sous-sol, solidaires de leurs compagnons de mission qui poursuivent le traitement, pour rédiger une première version du rapport. La dispersion de l’équipe dans quelques heures / jours, la spirale infernale de la reprise pouvant entraîner oubli voire erreurs. Il est donc essentiel de profiter de la bonne avancée de la mission pour mettre noir sur blanc les premiers constats du rapport. Le plan, les souvenirs et les mots viennent rapidement, les journaux de voyages nous aident à composer une première trame du rapport que nos amis reliront, corrigeront et complèteront : les difficultés, les démarches diplomatiques, l’harassement du transports des dossiers à la main, en brouette, en pick up, le goût de la poussière mais aussi la qualité des interlocuteurs, les poignées de main encourageantes et les perles archivistiques et iconographiques nous surprennent. La mission est riche en actions et en résultats !!!

La Cie des archivistes

Jeudi 8 avril : Fin de la mission

Jeudi c’est une équipe réduite qui reprend les travaux, Cécile et Paul nous ayant laissé pour explorer le Nord de l’Ethiopie. La journée s’est répartie entre traitement des documents restants et agrément avec visite des wagons impériaux et de l’Alliance française. En fin de journée, l’inventaire de l’ensemble des archives est enfin achevé. Au total, 662 articles ont été constitués et disposés dans les deux bureaux mis à notre disposition dans les locaux des services financiers. Nous terminons par le traitement des documents iconographiques constitués de plans, de calendriers de la Compagnie et d’un lot très riche de photographies.

En cours de matinée, nous rencontrons le directeur général de la CDE afin de recueillir ses impressions sur la dernière version du contrat. Il nous transmet rapidement une version amendée par Asrat Mekonnen. L’examen du document nous laisse sur notre faim puisque qu’il reprend le plan de la version préparée pour la réunion de lundi matin et abandonnée depuis. L’un des premiers articles, indiquant une durée de dépôt limitée à 20 ans nous inquiète beaucoup.
Un nouvel entretien avec le Directeur Général de la Cie, le lendemain, nous rassurera. Il confirmera les éléments évoqués lors de la réunion avec la NALE, lundi 5 avril et rappellera que tout se fera sur la base d’un courrier du Ministère des Transports de Djibouti assurant sa non opposition à ce transfert. Profitant de l’invitation de la Compagnie, nous consacrons notre jeudi après-midi à la visite du « musée du chemin de fer ». Il s’agit des quatre wagons impériaux offerts par Charles de Gaulle et Elisabeth II d’Angleterre à Haïlé Sélassié. Ils sont conservés dans un hangar situé à proximité de la gare et sont étonnamment dans un très bon état. On y découvre de grandes salles à manger, des bureaux luxueux, des cuisines équipées, des salles de bain et de petites mais confortables chambres. Notre journée de jeudi se termine par une visite de l’Alliance française qui propose une conférence sur la Françafrique. C’est l’occasion d’y croiser Patrick Cohen, le Conseiller culturel de l’ambassade, et Eloi Ficquet et leur rappeler encore l’urgence qu’il y a de débloquer le transfert (intervention auprès de leurs homologues français à Djibouti).
Hormis ces entretiens, nous achevons le traitement, réalisons un récolement sous la forme d’un plan localisant les liasses dans chacun des deux bureaux des Services Administratifs.
Nous achevons la saisie des bordereaux de versements et d’éliminations et la version 1 de notre rapport. Il était nécessaire de traiter tout cela avant notre retour compte tenu de la reprise de nos activités respectives.

Une dernière visite à la NALE, le vendredi en fin d’après midi, nous permet de faire le point avant le départ. M. Ahmed nous confirme un détail technique : les documents uniquement en amharique sont datés du calendrier éthiopien, soit 8 ans en arrière (nous sommes en effet en 2002 pour le calendrier julien dont se servent les éthiopiens).
Nous visitons les salles de réunions et de formation de la NALE, et nous concluons très chaleureusement le séjour avec M. Atkilt, qui aura été avec son équipe d’un grand soutien. Il évoque le regret de ne pas avoir pu faire intervenir la télévision nationale pour suivre les travaux de la mission. Ceci est notre dernier billet, nous vous remercions d’avoir suivi nos aventures éthiopiennes par l’intermédiaire de ce blog dont la tenue a été gérée efficacement par Grégoire. Il a assuré des relances sur différents forums archives, relances elles mêmes relayées par Pauline Moirez sur Twitter. Vous avez effectué plus de 2000 connections au cours de notre présence en Ethiopie.

Merci à tous.

La Cie des archivistes

Le kit du parfait archiviste sans frontières

 gants
 combinaisons d’atelier
 frontale et piles
 désinfectant des mains
 marqueurs
 fiches / cordes…

… casimirettes
 capes de pluie
 adaptateur électrique
 dictionnaire d’anglais
 cache yeux pour dormir dans l’avion
 sacs plastiques étanches
 médoc
 couture
 masque
 sac à dos petit de balade
 chaussures de marche
 calculatrice
 pavé numérique si celui qui saisi est pas doué sur un portable
 cahier d’inventaire
 carnet de voyage
 eau de bleuet pour les yeux (eh oui pèpère avait prévu de se rincer l’oeil !)
 appareil photos, cable de transfert voir clé magique de Christophe pour récupérer les films du monsieur au restaurant de l’hotel
 couteau suisse
 ciseaux
 règle pour tracer les lignes de l’inventaire car Christophe tire pas des traits droits
 et bien sûr passeport, carnet de vaccination et billets

Fin de périple à Addis Abeba entre problème de vols intérieurs et irruption volcanique

Alors que les trois garçons terminent conditionnement des liasses, inventaire et rapport de fin de mission, nous partons découvrir le Nord de l’Ethiopie pendant une dizaine de jours. Au programme, le lac Tana, les chutes du Nil Bleu, trek dans le Parc National du Siemens, Gondar et enfin Lalibela. Malheureusement, notre équipée tourne court à Gondar où nous restons coincés plusieurs jours sans parvenir à rejoindre Lalibela.

A priori, les effets de l’éruption volcanique ont des conséquences sur les vols intérieurs éthiopiens. Nous regagnons Addis, sans avoir pris la mesure du chaos dans lequel est plongé l’espace aérien.

Nous restons donc bloqués 4 jours à Addis avant de finalement réussir à rentrer en Europe (Amsterdam) sur un vol test. Et afin de boucler un nœud ferroviaire, nous écrivons ce billet depuis un train bien plus confortable que le légendaire train du Négus et qui a le mérite de rouler, le THALYS entre Amsterdam et Paris….

En notre absence, les choses ont continué d’évoluer :

 nous avons reçu les commentaires de la NALE sur la dernière version du contrat de transfert. Les modifications ont été intégrées et nous avons mis en circulation une nouvelle version du contrat depuis Addis lundi 19 dans la journée ;

 lors d’une de nos interminables attentes au comptoir des compagnies aériennes pour tenter d’avoir des nouvelles d’un retour en Europe, nous avons eu l’occasion de croiser brièvement l’Ambassadeur de France qui nous a indiqué qu’il venait encore de discuter de la possibilité d’un accord de Djibouti avec le directeur général de la Compagnie.

Malgré l’arrêt sur le terrain de la mission de la Compagnie des Archivistes, les choses continuent de progresser et nous avons bon espoir que le transfert définitif à la NALE ne soit pas un rêve trop lointain.

La Cie des archivistes

Conférence au musée du quai Branly sur Ménélik II et Hailé Sélassié, le 5 avril 2012

Ménélik II et Hailé Sélassié, par Simon Imbert-Vier, historien, spécialiste de l’Ethiopie. Docteur en histoire de l’Université de Provence, et chercheur au CEMAf, Centre d’études des mondes africains à Aix-en-Provence, il étudie la Corne de l’Afrique depuis plus de 20 ans. Ancien enseignant à l’Université d’Addis Abeba, il a coécrit, avec Dawit Demisse, une méthode d’amharique pour francophones chez L’Harmattan en 1996, et il est l’auteur de Tracer des frontières à Djibouti. Des territoires et des hommes aux XIXe et XXe siècles, aux éditions Karthala en 2011.

Cette conférence s’inscrit dans l’Université populaire du quai Branly 2011-2012.

Date : Jeudi 5 avril 2012, 18h30

 Le musée du quai branly



 

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